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Salut les indés !
j’ai lu le dernier Jean Ducreux, « le figuier des Engoulevents » et… j’en suis quitte pour une vive douleur à l’occiput… Pourquoi ? Parce qu’en en découvrant l’ouvrage, je suis tombé à la renverse.
Jean Ducreux, le distingué gentleman bilingue, inoubliable créateur du moineau, pseudo animalier porté par M. Nacho Obispo, illustre détective privé lyonnais comme son nom ne l’indique pas.
Jean Ducreux, l’infatigable pourvoyeur de meurtres en tout genre, rendu célèbres par sa fameuse trilogie forézienne « des crimes et des routes » dans laquelle ce ne sont pas les feuilles mortes qui se ramassent à la pelle, mais plutôt les cadavres
Bref, Jean Ducreux l’unique, vient de commettre un roman feelgood qui finit... Bien, mal ? … Nous dirons, pour ne pas dévoiler l’intrigue, qui finit sitôt la dernière page lue… car oui, même dans les feelgood, un suspens peut se glisser. Un suspens sans cadavre, sans tuerie, sans massacre et sans flic… je le concède, mais un suspens tout de même.
Oui, lectrice et lecteur… Jean Ducreux joue l’auteur au joli cœur, en nous offrant une histoire d’amour…
Mais pas que…
Dans ce charmant village du Fenouillèdes, au pied des Pyrénées, il est un mystère à élucider. Et notre antihéros, j’ai nommé le susnommé « Constantin Cafarrosse », au passage, notez comme l’ami Ducreux demeure le maitre des noms et prénoms improbables quand il s’agit de baptiser ses personnages, disposera d’un certain nombre de pages, 205 très exactement, pour l’élucider…
Mais il faudra d’abord que ce haut fonctionnaire, bien plus loser que brillant, soigne ses blessures, ses souffrances, son mal-être et ses névroses.
Il faudra qu’il apprenne à accorder sa confiance aux autres, mais aussi et surtout à lui-même. Ça n’est pas gagné !
Il lui faudra enfin, avant de pouvoir espérer se battre pour lui et ceux qu’il aime, apprendre à se défendre. Et ce n’est pas une mince affaire que de remettre toute une vie en question.
Et c’est alors que ce simple feelgood, se transforme en roman plus dramatique, plus profond. Un roman que l’éditeur, dont le dernier ouvrage édité fut sans doute un bouquin de vulgarisation genre, « les termes de psychologie pour les nuls » n’hésite pas à qualifier de cathartique… Il aurait pu aussi évoquer la résilience, mais tout le monde n’a pas lu Boris Cyrulnik.
Bien sûr, lorsque l’on explore et que l’on dépeint la souffrance humaine, celle de l’intérieur, lorsque l’on s’attaque aux meurtrissures du passé, celles qui n’ont jamais cicatrisé, même si l’on garde un ton léger et familier… L’on devient plus sérieux, plus grave, plus écouté aussi… Pourquoi, parce que nous aussi, souvent, simples lecteurs, portons en nous des blessures que l’on voudrait bien apaiser ?
Donc un cinq étoiles pour ce roman fort qui, pour mieux nous confondre, nous surprendre et nous émouvoir, a revêtu la panoplie du parfait feelgood facile qui toujours finit bien. Alors que toute cette gentille histoire s’avère plus compliquée que ça.
Mais, moi je dis ça... je dis rien !
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Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire (Victor Hugo)
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