FOX TROT: Meurtre au Village de Jean Guy Ducreux
- Jean Benjamin Jouteur
- il y a 2 jours
- 2 min de lecture

Un polar bucolique et burlesque dans la plaine du Forez.
Bienvenue à Poncins, petit village du Forez qu’on pourrait présenter ainsi : Poncins, son église, sa boulangerie, ses ruelles tranquilles, ses habitants pittoresques… et ses cadavres. Derrière les volets mi-clos et les pots de géranium, Jean-Guy Ducreux nous mijote un polar à la campagne, enrobé d’humour, de gouaille, et d’un goût de revenez-y.
Sous des airs de polar « villageois », ce bouquin est surtout une invitation à découvrir un monde à part : celui d’un auteur qui s’amuse avec les codes, brouille les pistes, et n’hésite pas à mélanger fiction et réalité avec une jubilation contagieuse. Le personnage principal ? Un écrivain de polar, bien sûr. Et son quotidien, ses humeurs, ses impressions, sa famille, son regard ironique et tendre sur le monde rural, s’entrelace joyeusement avec l’intrigue qu’il est censé écrire… ou vivre ?
À ce stade, le lecteur se demande : où commence le roman, et où s’arrête la vie de Ducreux ? La frontière est poreuse, volontairement floue, et c’est tout le sel de cette histoire à tiroirs.
Le village devient presque un personnage à part entière : on y croise des figures locales savoureuses, des commères à la langue bien pendue, des notables pas toujours nets, et surtout une gendarmerie aussi improbable qu’attachante. Les dialogues claquent, les situations dérapent, et la plume de Ducreux n’hésite jamais à jouer la carte du burlesque, de l’absurde parfois, mais toujours avec élégance. On pense immanquablement à Charles Exbrayat, autre stéphanois de la littérature policière, pour cette manière de conjuguer mystère, truculence et farce tendre. Mais là où Exbrayat était volontiers paillard, Ducreux préfère une forme de préciosité joyeuse, un goût du mot bien tourné, du détail qui fait mouche. Il se délecte à colorer son récit d’un humour presque désuet, mais jamais démodé. C’est sa marque.
Côté enquête, pas de thriller sanglant ni de rebondissements calibrés à l’américaine : ici, tout commence avec une affaire presque banale, et c’est justement cette simplicité initiale qui rend la suite délicieusement imprévisible. Les pistes se brouillent, les suspects se multiplient, et l’auteur prend plaisir à égarer son lecteur avec une légèreté faussement innocente.
Le dénouement, lui, surprend autant qu’il amuse, preuve que, sous ses dehors champêtres, Fox Trot sait aussi mener la danse.
Roman de terroir ? Polar humoristique ? Autobiographie déguisée ? Fox Trot est un peu tout cela à la fois. Et c’est peut-être ce qui le rend si singulier. Il ne cherche pas à révolutionner le genre, mais à l’habiter à sa façon, avec un ton personnel, généreux, et une jubilation d’écriture qui fait plaisir à lire. Un polar qui ne se prend jamais au sérieux, et c’est tant mieux !
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