Roman autobiographique.
« Le bonheur éphémère a un prix pour ceux qui ne vivent que pour lui. Tout ça ne va pas durer. Lors d’une soirée future, je ferai le choix de vivre autre chose, loin des paradis artificiels et de leur douce chaleur destructrice.
La question est : prendrai-je cette décision à temps ? »
Extrait des « Errances d’un pantouflard » — tome 2
Pour Yohan, c’est le temps du réveil difficile, le temps aussi de dresser le bilan de son propre naufrage.
C’est enfin et surtout le temps des questions.
Englué dans les échos d’un passé trop brumeux, Yohann tente de comprendre ce qui lui est arrivé. Ses souvenirs sont flous, presque effacés. Pour exorciser le tumulte, il doit revisiter le chemin parcouru.
Cette exploration intérieure, sans concessions ni illusions, lui ouvrira parfois les yeux sur de douloureuses vérités. Ce périple lui était nécessaire pour oser s'aventurer sur une autre route.
Les premières pages
Prologue — 31 décembre 1980.
La pièce principale de la vieille ferme est d’une pouillerie repoussante. Le désordre indescriptible qui y règne renforce sans doute cette sensation de crasse. Sur l’écume douteuse des tomettes en terre cuite, chaperonnées par une armada de matelas, de duvets, de sacs, de couvrantes, de cartons, de canettes de bière, de fringues éparses, quelques hirsutes plus moins endormis se roulent des pelles ou copulent dans l’indifférence générale. La grande table, pitoyable champ de bataille hérissé de cendriers improvisés, déborde d’assiettes souillées, de verres rougis, de bouteilles à moitié vidées, de vestiges de repas, de pain détrempé, de paquets de clopes saccagés, de feuilles à cigarettes, de débris de tabac, de seringues usagées, de couverts égarés, de trognons de pétards calcinés, de boîtes d’allumettes éventrées.
Et puis, stagnant sur le réalisme de ce tableau digne d’une toile de Géricault, il y a ce mélange écœurant d’odeurs. La puissante haleine des cuisses de poulet oubliées sur la grille du foyer, les effluves acides émanant des corps sales, les senteurs de transpiration, les relents de fumée, le parfum écœurant de la suie mouillée.
Ils sont encore une bonne dizaine de fêtards à faire tourner les joints, à se défoncer méthodiquement, à rire bêtement, à ne plus refaire le monde, à planer pour rien, à proférer des stupidités.
Une fille blonde, seule et agenouillée, gerbe doucement dans la cheminée. Nul ne lui viendra en aide, pas même moi.
À la façon d’un touriste égaré découvrant sans y être préparé cette faune et son pathétique gourbi, soudainement étranger à tout ça, je me demande ce que je fous là. Dans la brouillasse de cette soirée destroy du 31 décembre, je ne connais personne. Pas d’ami, totale absence de visages connus.
Putain, comment ai-je atterri ici ? Suis-je comparable à ces épaves sans rivage ? À ces loques en partance ? À ces dénués d’avenir ?
L’odyssée que je voulais initiatique s’est subitement transformée en processus d’auto-destruction. J’ai perdu le contrôle. Plus envie. La coupe dégueule, je n’ai plus soif.
Fin du voyage…
Parviendrais-je à sauter du train en marche ?
Entrefilets de primo-lecteurs
Ce sont de courts retours en images et en extraits, choisis par ceux qui furent les premiers à lire cet ouvrage. Un grand merci à eux !
"Je voudrais être au large, loin de tout, seul avec elle ! "
Ces extraits annoncent un bébé en bonne gestation ; j'adorent tes lignes, mon ami... Hâte de te lire, Jean B !