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  • Photo du rédacteurJean Benjamin Jouteur

A perdre la raison de Rozenn Laloy


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Pour être franc, je ne suis pas client des histoires d’amour genre : « j’avance, je recule, comment pourrais-je t’aimer vu le tas de vieilles casseroles que je traîne derrière moi.?


Au passage, origine de l’expression : » traîner de vieilles casseroles », résumant si bien l’état d’esprit d’Anne-Sophie, charmante héroïne de ce bouquin.


Certains mauvais garnements trouvent divertissant d’attacher de vieilles casseroles à la queue d’un chien qui, gêné par ce qu’il traîne et affolé par le bruit qu’elles font, se met à courir de façon désordonnée et très peu discrète. À la fois embarrassantes, encombrantes et gênantes, ces casseroles sont des boulets pour lui. D’où l’expression : « traîner ses vieilles casseroles » qui bouffent l’existence, qui empêchent d’être heureux… Une casserole à traîner, c’est une malédiction. Une erreur du passé, une mauvaise expérience, un événement négatif qui encombre la marche de notre vie.


Fin de la minute culturelle.


Donc, disais-je, les histoires d’amour, ce n’est pas ma tasse de thé. Il faut dire que j’en ai vécu certaines qui connurent des fins plutôt chaotiques, voire carrément funestes. Bref !


La plupart du temps, dans les romans arrosés d’eau de rose bon marché made in collection arlequin, la belle infirmière tombe amoureuse du chirurgien blessé par la vie, ils se cherchent pendant quelques chapitres, se plaisent, s’engueulent, se séparent, se déchirent, s’aiment, se séparent une fois de plus, puis enfin se retrouvent à la dernière page mettant en scène le long baiser final… Et c’est la fin du bouquin, les deux amants convolent en justes noces devant les copains médecins et autres soignants… Bon, en fait, c’est à ce moment de leur union que les véritables problèmes vont apparaître., difficultés de la vie à deux, du partage, des concessions, de la découverte de l’autre tel qu’il est vraiment, des sacrifices. Mais ne vous inquiétez pas, en général l’auteur, ne nous racontent pas tout ça, sauf parfois dans un rôle 2 dans lequel le divorce est déjà de l’histoire presque ancienne… Mais je m’égare.


Bon, j’ai choisi infirmière et médecin pour l’exemple, parce que c’est un classique, mais on peut changer de métier. Suffit que les deux belligérants soient beaux comme des elfes et que l’un des deux au moins soit torturé et mystérieux.


À ce stade de ma chronique, j’imagine Rozenn Laloy se dire tout affolée. : « Ça y est, ce butor va me massacrer mon bouquin ! »


Hé bien non, Rozenn, rassurez-vous. Bien sûr, vous respectez les conventions du genre. Un homme, une femme que tout sépare. L’un beau, brillant et faussement sûr de lui, l’autre, torturée et blessée par un passé lourd comme un cheval mort, comme le chantait notre regretté rocker national.


"Que je t’aime, que je t’aime, que je t’aime"… Le bel italien de votre ouvrage ne cesse de répéter cette douce et dangereuse affirmation à une belle fée rousse qui, en guise de réponse, ne cesse de prendre la fuite.


Je ne vais pas démolir votre livre, bien au contraire, car il propose bien d’autres choses qu’un simple je t’aime moi non plus.


Courte métaphore afin d’illustrer mon propos.


Imaginez, vous vous baladez sur une plage de galets, en quête de beaux cailloux susceptibles de décorer votre intérieur… Question déco, chacun ses goûts ! Mais, toutes ces banales caillasses semblent identiques, dénuées de relief, lisses et sans surprises. Soudain, vous en découvrez une qui sort du lot… Vous la repérez parce qu’elle paraît différente… Plus belle, plus attachante. Elle offre autre chose que ces banals galets que l’on foule sans vraiment les voir.


Hé bien ce beau galet qui se distingue des autres, c’est votre ouvrage, il se désolidarise de cette marée rosâtre dégoulinante de romantisme à trois balles que je n’apprécie guère.


D’abord, il est bien écrit. Il bénéficie d’un vocabulaire riche et d’un style agréable. La construction des protagonistes est solide, les personnages secondaires sont intéressants, les dialogues se révèlent souvent savoureux, les traits d’humour sont nombreux. Enfin, les fréquentes descriptions s’avèrent si imagées et si précises que l’on s’y croirait…


Pour résumer, c’est un plaisir de lire un texte si bien rédigé, je suis sincère.

La narration est vraiment argumentée. On sent que l’auteure a pris le temps de se renseigner, à moins qu’elle ne connaisse parfaitement ce qu’elle nous dépeint, à savoir ce coin charmant d’Italie et ses sympathiques habitants, ou plus brièvement une Irak tourmentée peuplée de natifs pourtant accueillants.


Et puis, et je rajouterais surtout,´derrière les lignes, on sent la personnalité de l’auteur. On devine son empathie, sa douceur, sa générosité, j’évoquerai même l’amour qu’elle porte à ses personnages en particulier et, d’une façon plus générale, sans doute à plein d’autres personnes… Ça fait un bien fou de lire un ouvrage d’où émane la bienveillance de celle qui l’a écrit.


Enfin, mine de rien, Rozenn Laloy s’autorise à parsemer son texte de courtes allusions dépassant, sans avoir l’air d’y toucher, le simple cadre d’une belle histoire d’amour. Elle a des convictions, la dame, et elle sait les aborder avec discrétion, mais aussi avec force.


Ce chapeau d’Indiana plaira à grand nombre de lecteurs, j’en suis convaincu. J’ai passé d’agréables moments à suivre cette idylle contrariée dans le merveilleux cadre de la campagne calabraise.


Bon, moi je dis ça, je dis rien… Même si je viens de le dire…


À bientôt les indés pour de futures escapades amoureuses et exotiques.









 







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