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Photo du rédacteurJean Benjamin Jouteur

Argenix de Florence Jouniaux

A la recherche de nos racines

Science sans conscience n’est que ruine de l’âme

    Je suis un trekkie revendiqué, comprenez un fan de la série Star Trek. Il peut même m’arriver de participer à des conventions, vêtu de l’uniforme que portent les personnages de la série. Ça peut paraître ridicule, ça l’est sans doute, mais finalement pas plus que quelques vénérables vieillards endossant un costume de Monsieur Loyal très kitch et brandissant un sabre de théâtre, pour prétendument défendre notre belle langue française. (Je parle de notre très noble Académie française).


Bref, Star Trek est une œuvre de science-fiction dépeignant un futur dans lequel les humains ne se font pas constamment la guerre. Son créateur, Gene Roddenberry, nous propose une humanité explorant non seulement les univers inconnus dans le but de rencontrer d’autres formes de vie, mais aussi l'âme humaine et les raisons de son existence dans l’infini. Star Trek dépeint une société utopique dans laquelle argent, profits et inégalités n’ont plus courts et au sein de laquelle les espèces cohabitent presque harmonieusement. On cherche toujours à éviter le conflit… L’Enterprise est un vaisseau d’exploration, pas un vaisseau de combat. 


C’est peut-être naïf, mais qu’est-ce que ça fait du bien par les temps qui courent.


Parmi les peuples rencontrés, il y a les Vulcains. Ils illustrent les dérives du rationalisme. Ils semblent bien plus évolués que les humains sur le plan de la science, et ils le sont en effet. Cependant il est clair que la supériorité émotionnelle des humains se situe elle sur le plan de la morale. Les Vulcains réprimant leurs émotions au nom de l’efficacité sont bien moins capables de compassion et d’empathie que nous, imparfaits êtres humains.


Rabelais écrivait en son temps « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». C’est d’ailleurs ce que Spock le Vulcain exprime parfaitement dans le film « Star Trek V : L’Ultime Frontière » lorsqu’il dit :


« Logic is the beginning of wisdom, not the end. » (La logique est le début de la sagesse, non la fin.).


Pourquoi tout ce discours à propos de Star Trek alors que je suis censé chroniquer Argenix de Florence Jouniaux ?  Tout simplement parce que toutes les idées avancées dans ce paragraphe peuvent s'appliquer à ce bouquin.


En nous contant les aventures, discours et décisions de ses personnages, frères d’origines qui se sont perdus de vue et qui, au fil des siècles, ont évolué différemment, (comme l’on fait Vulcain et humains dans Star Trek), ce livre nous fait comprendre qu’un champ philosophique comme la bioéthique semble essentiel pour réfléchir aux conséquences morales des découvertes scientifiques.


La raison et la recherche de perfection ne peuvent tout simplement pas fonctionner sans émotion. Le scientifique a besoin de cette dose d’imperfection qui fait de nous des hommes, afin de garder un pied dans notre propre réalité. Si nous n’y prenons pas garde, nous risquons de perdre notre humanité si précieuse.


Une autre chose que les deux œuvres partagent. Un discours humaniste dont on a bien besoin.


J’ai lu dans certaines critiques assassines qu’il ne se passait rien dans ce bouquin, qu’il n’y avait aucune action, que l’on s’ennuyait, que l’on abandonnait l’ouvrage après s’être soumis à la lecture torture de quelques pages seulement. Que l’on n’écrivait plus de tels livres de SF depuis nos grands-parents.


C’est vrai, pas de combat galactique, pas des mutants assoiffés de sang, pas de créatures maléfiques dont l’objectif premier consiste à massacrer tout un équipage de la façon la plus gore qui soit, pas de luttes fratricides entre terrien et aliens, non, rien de tout ça. Voila pourquoi sans doute l'on s'ennuie (?)


Je rappelle qu’un des plus grands noms de la science-fiction, j’ai nommé Arthur C Clarke, a signé moult livres passionnants sans narrer le moindre conflit… Son credo était l’exploration et la place de l’homme dans un univers bien trop démesuré pour lui. Ces lecteurs qui abandonnent le livre dès les premières pages, l'insultant presque  parce qu’ils ne le comprennent pas, me rappellent ceux qui délaissent les salles de cinéma après avoir supporté  quelques minutes seulement  ce chef d'œuvre du cinéma et de la SF qu'est « 2 001 l’odyssée de l’espace » en maugréant : « Il est nul ce film, il ne se passe rien ». Courez donc visionner les séries SF japonaises genre Bioman, vous verrez, il y a plein d’actions en carton-pâte sans aucun scénario (donc rien à comprendre).


Pour résumer, j’ai retrouvé certaines valeurs de Star Trek dans ce bouquin. Des techniques aussi, inventées par Roddenberry comme la téléportation et quelques autres clins d’œil, volontaires ou pas.


Argenix :  Genre d’ouvrage de SF qui ne s’écrit plus de nos jours ? ce n’est pas faux, mais c’est sans doute dommage. Pour illustrer cette affirmation, je clôturerai cette chronique en faisant une nouvelle fois référence à Star Trek et plus précisément à sa nouvelle Série. Star Trek Picard.


Cette dernière résonne comme la série de SF dont notre vingt et unième siècle a besoin. Pourquoi ? Parce que les créateurs se sont rappelés que Star Trek est une utopie futuriste qui existe pour répondre à notre présent. Dans une époque où la mondialisation est troublée par les haines ou la peur des différences, le personnage de Jean-Luc Picard, son entourage et ses valeurs, sont l’antithèse de nos démons actuels. Quand ceux d'Argenix s'inspirent des anciens terriens pour évoluer en direction de leur humanité perdue, ils font de même. 



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