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  • Photo du rédacteurJean Benjamin Jouteur

Yann Torvarc'h: Journal d'un écumeur de Eric Le Parc


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Salut les indés !


J’ai lu « Yann Tovarc’h — Journal d’un écumeur », écrit par le célèbre capitaine Éric le Parc

 

Amoureux de la mer, des bateaux, des pirates, mais aussi des vaisseaux spatiaux, de la SF et de l’espace intersidéral, je me suis régalé à suivre cette bande de forbans sans foi ni loi qui, menés par un capitaine aussi soudard que ses hommes, mais malmené parfois par de dérangeantes crises de conscience, écument les frontières de l’infini à bord d’un vaisseau spatial armé jusqu’aux dents, nommé l’Ankou… 

 

Au péril de leur vie, mais surtout au péril des malheureux qu’ils croisent, dans un futur où l’humain s’aperçoit que l’avenir était plus beau hier, nos flibustiers réalisent que malgré leurs méfaits, ils sont loin de figurer aux premières places du hit-parade des mauvaises gens… autrement dit, il y a bien pire qu’eux. Et Éric le Parc joue magnifiquement de sa plume pour nous le faire comprendre.

 

Le vaisseau de nos joyeux écumeurs, une splendide poubelle spatiale avec un crâne peint à la proue et sur les deux bordées, se nomme l’Ankou. Son capitaine la qualifie de « d’épave, rapiécée, rafistolée, qui lui sert de rafiot ».

 

L’Ankou est une figure majeure de la mythologie bretonne. Il est le serviteur de la mort dont le rôle est de collecter les âmes des défunts. Vieil homme très grand et très mince ou squelette recouvert d’un linceul, tenant dans sa main une faux montée à l’envers pour trancher les âmes, l’Ankou est l’ouvrier de la mort (oberour ar marv). Le dernier mort de l’année, dans chaque paroisse, devient l’Ankou de cette paroisse pour l’année suivante.

 

On aurait pu s’attendre à un remake version galactique de « pirate des caraïbes », mais l’action ne se situe pas sur un astéroïde baptisé : le nouveau Port-Royal, ville historique des pirates comme chacun sait, mais sur un astéroïde portant le nom oh combien évocateur de « la nouvelle Saint-Malo »

 

Saint-Malo, « La cité corsaire » ? mais, me direz-vous, Pirate et corsaire, ça n’est absolument pas la même chose !  Et vous aurez raison ! Les corsaires étaient des marins faisant partie de l’équipage d’un navire civil armé par le roi. Leur but était d’attaquer tous les bateaux ennemis en temps de guerre. Ils respectaient les règles et lois de la guerre en vigueur à l’époque. Complètement à l’opposé des pirates qui eux ne respectaient aucunes règles et pratiquaient le banditisme.  

 

Mais alors, vous étonnerez vous : « le Yan Tovarc’h… Il est corsaire ou pirate ?

 

Eh bien, à vrai dire… Yann Tovarch’h vole et pille. Lorsqu’un vaisseau spatial a le malheur d’atterrir dans ses griffes, il mène l’assaut sans pitié. Quand l’équipage agressé se rend, il fait égorger les hommes survivants, récupère les femmes, ça peut toujours servir… enrôle de force les enfants pour en faire de futurs pirates… Une version boucanière des enfants soldats prêts à tuer père et mère… Si on rajoute le fait qu’il associe aux plus dictatoriales des régimes, du moment que ça peut lui rapporter gros…

 

Donc, plutôt un pirate de la pire espèce… Et pourtant.... Il a une conscience qui parfois le taquine.

 

Faut-il l’admirer, le détester, lui donner des circonstances atténuantes ? y aurait-il quelque chose de digne et de noble sous cette noire carcasse ? Allez savoir !

 

Quoi qu’il en soit, la société décrite n’est pas un modèle de démocratie et de paix. Violence, corruption et injustice règnent de partout. Une église omnipotente, à la tête d’une flotte impressionnante de vaisseaux de combat, et détenant un pouvoir quasi dictatorial a mis en place un régime d’inquisition qui n’aurait rien à envier à la terrible inquisition espagnole du 15° siècle.  

 

Je dirais que ce bouquin est un livre de divertissement, une suite d’aventures passionnantes qui, écrites dans le but de distraire le lecteur, constituent également un excellent prétexte pour décrire une certaine dérive de notre société actuelle tout en annonçant ce qui pourrait nous tomber sur le coin de la figure si nous n’y prêtons garde…

 

Une sorte de 1984 ou de meilleurs des mondes version pirate… 

 

Juste un petit mot sur le style et surtout sur le vocabulaire… Notamment et principalement, celui du narrateur, Yan Torvarc « h… Il semble que la langue du futur n’est guère est évoluée, bien au contraire… on pourrait même prétendre qu’elle s’est offert un petit retour dans le passé… naviguant entre les répliques à la Audiard, les descriptions à la San Antonio et le langage vert d’un Pierre Perret… On ne sait si l’auteur a tenu à mettre cet argot dans la bouche de son héros dans le but le rendre plus drôle, plus sympathique ou bien dans celui de lui donner une allure de petit voyou de banlieue, de loulou de quartier ou de truand… À moins que ce ne soit pour rendre hommage à un langage fleuri qui tend à disparaître de plus en plus pour faire place à un langage bien moins riche et coloré (à mon humble avis). 

 

Pour en savoir plus, vous n’avez plus qu’à prendre la mer, ou plutôt la route des étoiles, à bord de l’Ankou… le vaisseau des morts





Un beau jour, demain peut-être, un enfant de grande, grande allure,

Les boucles folles sur un ciel clair

annoncera le jour pur. (Michel Corringe)



 







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