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Photo du rédacteurJean Benjamin Jouteur

L'obsidienne noire de Sylvie Grignon


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Le personnage principal, La commissaire Guinot, légende vivante du mythique numéro « “36, v’là les flics », est une dure à cuire… Enfin une dure à cuire qui troque volontiers son cœur de pierre volcanique de type obsidienne, contre un cœur de midinette à la sentimentalité ingénue lorsqu’elle croise un confrère arborant une cinquantaine flamboyante qui et c’est courageux, à l’audace de lui faire du gringue.


Idylle ? Pas vraiment, car notre commissaire sans jupon, vu qu’elle porte des pantalons, lorsqu’il s’agit d’enquête, sait redevenir cette femme qui ne s’encombre pas d’un homme. Elle redevient alors ce qu’elle a toujours été et ce qu’elle restera. Une meneuse instinctive, douée, crainte, solitaire, aboyeuse à la langue bien pendue et au caractère affirmé.


Le commissaire Maigret n’a qu’à bien se tenir. Sa relève féminine est assurée. Et de plus, elle ne fume pas la pipe ce qui, par les temps qui courent, serait politiquement incorrect et très mal vu. Voyez Lucky Luke, notre cow-boy solitaire fume à présent un brin d’herbe. Moins viril, mais moins cancérigène.


Mais Jules Maigret et Victoire Guinot ne partagent plus la même maison. Le premier demeurera à jamais au 36 quai des Orfèvres. Alors que la seconde s’est installée au 36 rue du Bastion dans le 17e arrondissement de la capitale. Oui le numéro demeure inchangé, on ne jette pas aux oubliettes un numéro gagnant. Par contre on change volontiers les noms de rues. D’ailleurs, à ce sujet et pour la petite histoire, saviez-vous que la rue où se situe le 36 Bastion des Orfèvres s’appelait jadis rue Rostropoitch.


Il faut reconnaître que pour symboliser le bâtiment abritant le siège, l’état-major et les services communs de la Direction régionale de la police judiciaire, le mot bastion, terme désignant un ouvrage de fortification faisant saillie sur l’enceinte d’une place forte, sonne mieux que le blase d’un simple violoniste.


Reconnaissons qu’en conservant le patronyme de ce musicien, chef d’orchestre, mais aussi infatigable défenseur de la liberté d’expression et des droits de l’homme, l’expression « passer une nuit au violon » aurait pris une bien étrange double signification.

Bref, je m’égare.


Quoiqu’en fait, pas tant que ça. Car ce bouquin est un guide du routard de la maison poulaga. Les dessous de la préfecture de police en cours d’enquête, les rouages du 36 expliqués aux nuls. L’auteur a fait de sacrées recherches… À moins qu’elle ne soit une ancienne flic… Car son propos est tout aussi cohérent que l’enquête menée par son héroïne. Nous rentrons dans le journalier d’un OPJ, loin des séries et des courses-poursuites. Comme Sylvie Grignon nous le fait très justement remarquer, le quotidien d’un enquêteur, c’est d’abord les rapports tapés à deux doigts et qui n’en finissent pas. c’est la hiérarchie parfois débile et incompétente. c’est la gestion des problèmes de voisinages, des plaintes débiles, des vols à la tire, des « c’est pas moi, c’est lui. Bref, c’est la prise en charge de tout panel de dossiers répétitifs et dénués d’intérêt.


Et ça, l’auteure nous le décrit très bien. Avec humour et exactitude. Respectant ainsi un des codes du genre : à l’occasion d’une enquête, l’auteur de polar nous faire découvrir un univers précis. Sylvie Grignon n’a pas choisi le moindre. Elle nous dépeint l’univers de la police judiciaire.


Puis se lance dans l’exploration d’un second domaine tout aussi passionnant. Celui de la big pharma et de ses excès, de l’ésotérisme, des médecines parallèles.

Nous apprenons moult choses, et surtout, comme cette policière bien droite dans ses bottes, , nous nous rebellons contre certaines pratiques que l’auteure dénonce habilement par la bouche de ses personnages


Revenons à nos policiers du 36. Quand arrive une affaire de meurtre, un truc qui sort de l’ordinaire, c’est la ruée des flicards. Quand l’assassin récidive, quand l’énigme se pare de surnaturel, quand règne l’incertitude… Tout le monde se précipite, rêvant de boucler l’enquête de l’année, voire d la décennie.


Et des macchabées, avec dame Grignon, il y en a. Du mystère également. Les victimes tombent par la main habile d’un obscur et talentueux criminel au mobile… Non, je ne dévoilerais rien, lisez le bouquin.


Un bon polar… De facture classique, mais surfant sur une police modernisée dans laquelle réseaux sociaux et informatiques s’imposent comme des outils d’investigation indispensable.


Je vais lire le second tome… Je vous dirai tout… Quoique, comme vous le savez, moi je dis ça, je dis rien.










 







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