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Salut les indés. J’ai lu la libellule noire d’Agneta Gerson.
Ah, la Suède ! Ses parcs nationaux, ses lacs, ses forêts boréales, ses Lapons, ses légendes, ses polars nordiques, ses psychopathes bien allumés à empathie variable.
Allez ! Enfilez une parka bien chaude, car aujourd’hui la plus suédoise des auteures françaises de thrillers nous emmène au pays des Vikings. Là où il ne fait pas bon se baigner sans sa combinaison Néoprène et ses moufles.
Mais tout d’abord, je vais vous faire un aveu. Lorsque je ponds un retour de lecture, je n’arrange pour ne pas répéter ce que d’autres chroniqueurs ont énoncé avant moi. Voilà pourquoi, la plupart du temps, je consulte au préalable les chroniques déjà écrites. Mais lorsque je le retrouve devant plus de 900 évaluations je me dis : « bigre ! Il y a du taf ! »
Bon, éliminons d’emblée les « 1 étoile » sans arguments ni commentaires. Les trolls étant des créatures difformes, malveillantes, ignares et nuisibles de la mythologie scandinave, ne sachant bien sûr ni lire ni écrire, leur avis, ou plutôt manque d’avis, ne présente aucun intérêt.
Évoquons plutôt les Sherlock en herbe. Ceux qui, après lecture, prétendent avoir démasqué le ou la meurtrière, dès les premières pages. C’est toujours plus facile de découvrir le pot aux roses quand celui ou celle qui l’avait intentionnellement caché vous indique, en fin d’ouvrage, l’endroit où il était enterré. Il est vrai que rapidement naissent en nous quelques soupçons. Mais ils portent sur plusieurs coupables possibles. Ce qui est tout à fait normal, car l’auteure a saupoudré son récit d’indices contradictoires et glissants comme du savon noir. On croit savoir, c’est vrai, mais on n’est sûr de rien. Tout demeure dans le doute raisonnable jusqu’à la fin. Il y a présomption de culpabilité, mais aussi d’innocence. ´N’est pas le tueur de jeunes filles en fleur qui veut ! Faut du métier pour assassiner avec élégance et cruauté.
On découvre également des lecteurs que les personnages agacent. Qui estiment que dame Agneta perd son temps et le nôtre, à les décrire, à les construire, à les analyser, à nous les présenter. Le profil psychique des protagonistes ne les intéresse pas.
Ils oublient que c’est justement dans cette approche que résident la force et l’intérêt d’un thriller… Psychologique. Les « pan pan boum boum » et l’action pour l’action, ça concerne les blockbusters américains, pas les bouquins d’investigations.
Certains regrettent également que l’auteure s’attarde sur la vie privée et compliquée du personnage principal… L’enquêteur. Eh bien oui, un flic, c’est avant tout un être humain, avec ses fêlures, ses doutes, ses points faibles, ses erreurs, ses excès… Sa vie privée quoi… C’est ça qui le rend attachant et crédible. S’il n’est qu’une enveloppe vide à belle gueule… Il n’a aucun intérêt. Hé oui, les personnages ont une histoire.
Enfin, je citerai ceux qui déplorent une conclusion trop rapide. Mais à quoi bon faire du remplissage ? Quand le, ou la coupable est démasqué, pourquoi poursuivre une intrigue achevée ? C’est le coupable qu’il faut rattraper, pas le lecteur qu’il faut emprisonner. L’auteur nous propose un final à suspense, une sorte de course-poursuite qui a l’avantage d’être rythmée. Tout s’accélère… Car c’est sans doute le seul moyen d’éviter une nouvelle victime… La cavalerie arrivera-t-elle à temps ? C’est la question que l’on se pose.
Je pourrais poursuivre… Mais un résumé de plusieurs centaines de remarques, ça, ça ferait long… Donc, en guise de conclusion, je rejoins sans hésiter les nombreux commentaires cinq étoiles… La libellule noire est un roman traitant de rapports humains et familiaux complexes. Avec pour toiles de fond des addictions, c’est un ouvrage psychologique passionnant, une enquête captivante. Les personnages sont vrais et attachants, bref, il s’agit d’un thriller nordique dépaysant, réussi et bien écrit… N’en déplaise aux pourfendeurs d’étoiles.
Moi je dis ça, je ne dis rien.
À bientôt les indés pour de nouvelles énigmes à résoudre.
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Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire (Victor Hugo)
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