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  • Photo du rédacteurJean Benjamin Jouteur

La mauvaise herbe de Yves Montmartin

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Ou la lire !


Dénoncer l'indéfendable


« La mauvaise herbe » d’Yves Montmartin, par certains de ses aspects, m’a rappelé les 3 premiers tomes des souvenirs d’enfance de Pagnol : la gloire de mon père, le château de ma mère, le temps des secrets… D’ailleurs, l’auteur cite l’un de ces ouvrages dans son récit.


D’accord, c’est une petite fille qui raconte, mais comme le petit Marcel, elle nous parle avec une innocence éclairée de sa famille, de ses amis, de sa vie, le bas, dans ce pays situé de l’autre côté de la Méditerranée.


Comme notre petit Marcel de Provence, Amira est une gamine rêveuse, intelligente, gentille, attachante, observatrice.


Comme notre petit Marcel de Provence, elle maîtrise le sens du détail et celui du juste récit. Elle sait nous émouvoir en nous contant modestement ces mille petits riens que croisent les enfants qui grandissent en observant.


Comme notre petit Marcel de Provence, elle abrite dans son cœur de pitchoun cet amour qu’elle porte aux choses simples, qu’elle prête à la vie, qu’elle offre à ses proches, qu’elle voue aux beaux mots. Elle croit en son avenir, à sa liberté, souhaitant bien fort celle des autres. Elle espère tant de choses de son futur. Et nous, lecteur lambda, on trottine dans ses pas, bien décidé à contempler son bonheur.


Mais voilà ! Elle ne connaîtra pas le destin de Marcel Pagnol… Amira n’aura pas droit à ce quatrième et dernier opus des souvenirs d’enfance, elle ne goûtera pas au temps des amours. Dès les premiers chapitres, on sait qu’il plane sur ces fillettes l’ombre d’un oiseau maléfique… Peut-on le comparer à un aigle ? Non, car un aigle peut être royal et beau, à un vautour ? Non plus, car un vautour sait se rendre utile… En fait, il serait vain de chercher une métaphore à poil ou à plume, car il n’existe pas sur Terre d’animal assez vil et laid pour désigner la bête guettant ces fillettes. On la devine rapidement, tapie et venimeuse, même si l’auteur parvient à occulter parfois ce funeste présage par le biais d’une écriture si foisonnante qu’elle parvient à draper le récit d’images, de sons, d’ambiance et de senteurs.


En lisant cet ouvrage, j’ai ressenti diverses émotions… De l’amour bien sûr, pour Amira et pour Loubna, on ne peut que les aimer ces petites ! Un élan de solidarité et d’admiration pour la tante Nour, un personnage d’une modernité haute en couleur, un agacement empreint d’incompréhension pour certaines traditions patriarcales que j’estime insupportables et archaïques. Et puis du mépris, et même une colère teintée de haine pour la bête et ses pitoyables valets, qui, aux yeux de tous, guettait ses futures victimes.


Parfois, le modeste lecteur rêveur que je suis aimerait, comme dans « once upon a time » pouvoir entrer dans le livre afin de se transformer en ce superhéros capable d’accorder cette fameuse fin heureuse que tout être humain ou tout personnage de fable est en droit d’attendre. Mais hélas, « la mauvaise herbe » n’est pas un conte. C’est une histoire tristement inspirée de faits réels… Des faits qui aujourd’hui encore se produisent, ici, à deux pas de chez nous, dans notre beau pays qui prétend fièrement être celui des droits de l’homme et qui pourtant ferme parfois pudiquement les yeux quand il s’agit de protéger ceux de femmes issues d’une autre culture. Un beau libre, fort et beau, que vous avez écrit là, Monsieur Montmartin, mais avant tout, un roman témoignage nécessaire, car il dénonce l’indéfendable.


Moi je dis ça, je le redis, persiste et signe.



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