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Photo du rédacteurJean Benjamin Jouteur

Milky Way de Brice Bigaré

Ecouter la chronique




Ou la lire !

j’ai lu « Milky Way », qui se traduit en bon français par « Voie lactée » de Brice Bigaré.


Disons-le sans ambages, ce bouquin, malgré son appellation à la Pink baby, n’a rien d’une boisson enrichie au colostrum qui, comme chacun sait, est une substance épaisse de couleur jaune orangé produite par la glande mammaire de tous les mammifères femelles ayant pour vocation de nourrir le nouveau-né en lui fournissant les anticorps de sa maman chérie.


Je sais, la phrase est trop longue.


Comme il semble impossible de parler de ce livre sans prendre le risque de déflorer les nombreux rebondissements perfusés au plasma qu’il recèle, je ferai quelques habiles pirouettes pour le chroniquer malgré tout.


Je commencerais cette désopilante revue de presse en citant deux tirades qui, elles aussi, valent bien leur pesant de calibre 11 millimètres.


La première nous est assénée par Sa Majesté du dialogue Mossieur Audiar, dans une réplique extraite du film, pardon de l’œuvre « inégalé-galable » : « Les tontons flingueurs :


"La psychologie, y’en a qu’une : défourailler le premier »


Le sieur Bigaré s’en est grave inspiré.


La seconde émane du grand San Antonio en personne :


« Tu ne l’ignores pas, Bézuquet, depuis que tu as lu ton premier Agaga Christie : quand on vient de défourailler, il subsiste des molécules de poudre sur les doigts. »


Mais ce n’est pas de quelques molécules de poudre, dont notre auteur psychopathe, Brice Bégaré a saupoudré son clavier, c’est de tout un saladier, sans compter les quelques seaux d’hémoglobine qu’il a joyeusement déversés faisant fi de la pénurie de poche a perfusions dont souffre nos hôpitaux publics en rupture de stock. Un légiste en mal d’autopsies post morts violentes en frétillerait d’aise.


Bref ! Nous sommes dans un polar à la mode thriller, noir, très noir, semblant sortir tout droit d’une chronique sociale désespérée qui ne pouvait que tourner au désastre humain. Les personnages sont brisés, pathétiques, malheureux, méchants, pas par choix, mais par triste vie et par accumulation de malheurs en vrac. C’est si bien rendu, qu’il dégage d’eux une singulière beauté, celle des désespérés ! Les chiens blessés et maltraités deviennent agressifs et mordent, les humains aussi parfois. Brice parvient à nous le faire comprendre en glissant même de temps à autre une pointe d’humour qui donne un petit air de second degré à l’ouvrage.


L'auteur a mal à ses personnages, de vrais losers à l’américaine, genre ceux qui pullulent dans les séries noires de l’excellent James Hadley. Pourtant on s’y attache à ces bras cassés, on veut connaître leur sombre destin. On sent la catastrophe imminente, mais on racle quand même le fond de leur gamelle comme pour récupérer les restes d’un nappage chocolat qui aurait brûlé, parce que trop chauffés.


Certes, et c’est un tout petit certes que je soulève, trop d’effets peuvent parfois tuer l’effet… La frontière est étroite entre le drame et la parodie. Exemple : Un homme qui pleure sa femme qui s’est barrée avec son meilleur ami, c’est un drame, mais il n’en faut pas beaucoup, lorsque l’on conte l’histoire du cocu bafoué, pour que le drame devienne le vaudeville qui fait marrer tout le monde.


L’écriture est nerveuse, rapide, efficace… Elle rend un bel hommage aux grands auteurs de romans noirs américains, les Chandler, les Elroy, Burnett et autres magiciens des mots à la plume « égratignante »…


Il fallait oser, Brice l’a fait et ma foi, il l’a plutôt bien fait, son texte supporte courageusement la comparaison. Je me demande ce que ça donnerait traduit en anglais… Ça donnerait… Un bouquin que je serai incapable de le lire, n’étant pas bilingue. Donc, on laisse tomber !


Pour résumer, un bon livre, que l’on peut placer dans le haut du panier des autos éditées. Bien meilleur que certains proposés par les maison d’édition qui feraient bien de voir ce qu’il se passe hors de leur sentier battu et rebattu au nom de la sacro-sainte, ligne éditoriale, c’est important à souligner. Les auteurs comme Brice, sont les ambassadeurs des indés du livre. Ils sont preuves de qualité et de sérieux.

Moi je dis ça, je dis rien !



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