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Salut les indés. J’ai lu « Un conte d’aujourd’hui » de Magali Malbos et… permettez que j’use de quelques métaphores susceptibles d’exprimer ce que j’ai ressenti en découvrant cet ouvrage.
Tout d’abord, il s’agit d’une Novella de 92 pages dans sa version imprimée, donc un roman plutôt court, ce qui m’amène à déclamer, détournant la fameuse réplique que l’on doit au plus célèbre des bretteurs :
« Ah non, c’est un peu court, jeune fille ! On pouvait dire… Oh, Dieu, bien des choses en somme ! J’ai comme l’impression d’avoir assisté au pilote d’une série demeuré sans suite. Dame productrice, pourquoi ne pas avoir accordé à vos personnages la satisfaction de vivre une saison complète ? Ils méritaient, croyez-le, un plus grand nombre d’épisodes. »
Tout ça pour vous faire comprendre qu’un cheptel de chapitres supplémentaires ne m’aurait pas dérangé, bien au contraire.
Autre chose.
Je ne sais pas pourquoi, ce « conte d’aujourd’hui », lorsque j’ai tourné virtuellement la dernière page, étant donné que je lis du numérique n’en déplaise aux amoureux du papier, m’a rappelé avec étonnement les paroles de cette chanson de George Chelon : « Ne manque plus que Guy », écrite bien avant « la place des grands hommes » de monsieur Bruel et qui évoque presque exactement la même situation.
Je vous cite les deux premiers couplets
Ne manque plus que Guy,
Pour que nous soyons tous Réunis dans ce bar, Comme on se l’est promis Voilà déjà dix ans Que chacun quittait l’autre Et se retrouvait seul Pour aller faire sa vie. Et je vous vois mariés Philippe, Serge, Pierre Et même toi, Bruno Toi qui disais toujours « Je vous fous mon billet, J’resterai célibataire, Moi, j’aime trop les filles
Pour n’avoir qu’un amour.
J’explique. Même si le récit se déroule sans autre narrateur que l’auteure elle-même qui nous raconte l’histoire de l’extérieur, il y a dans cet ouvrage une ambiance très «discussion intimiste entre amis d’un proche passé. Un peu comme dans la chanson. D’anciens jeunes gens, dix ans après, quand vient pour eux le temps des premiers bilans, se retrouvent quelque part afin de partager, avec douceur et simplicité, la première décennie de leur vie d’adultes en partance.
Ils se confient… presque sans s’écouter tant ils replongent dans leurs histoires.
Ils se remémorent leurs joies, leurs rencontres, leurs premiers émois, leurs espoirs, cette époque éphémère lors de laquelle on se croit à l’aube de toute une existence partagée avec l’être que l’on aime, cette certitude d’avoir déjà rencontré l’âme sœur alors que l’on sort tout juste de l’adolescence.
Nos “devenus adultes” résument tout ça, sans haine ni colère, mais avec une pointe de nostalgie peut-être. Car très vite, trop vite, débute leur nouveau chapitre. Celui des désillusions, des échecs, des actes manqués, des erreurs, des remords. Cette période mélancolique qui consiste à simplement survivre, car on ignore encore qu’il s’agit sans doute d’un second prologue, celui d’une seconde vie qui viendra compléter la première.
Ils se racontent tout ça, et nous, invités à leur table en tant que témoins muets, on les écoute parler. On voudrait prendre part à la discussion, on voudrait les aider, les consoler, peut-être même les conseiller… mais c’est impossible… Même si les situations qu’ils dépeignent sont souvent des réalités, ils vivent un conte sans fée, ils sont des personnages imaginés. À chacun son monde.
C’est un petit bouquin doux et tendre. Un conte d’aujourd’hui ? Je ne sais pas… plutôt une série d’histoires toutes simples, vécues par des gens tout simples. Histoires et gens d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Ces amis qui se retrouvent le temps d’un verre, n’ont rien d’autre à nous révéler que leur propre et modeste quotidien… et c’est ça qui les rend si attachants… car ces chroniques ordinaires sont en grande partie les nôtres.
Moi je dis ça, je dis rien… par contre Dame Malbos le dit, ou plus précisément, l’écrit fort bien.
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Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire (Victor Hugo)
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