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  • Photo du rédacteurJean Benjamin Jouteur

Errances d'un pantouflard Tome 2

Dernière mise à jour : 27 juil. 2022

Autobiographie romancée





Après son séjour dans une communauté ardéchoise, Yohann, reprend la route sac au dos, au guidon de sa moto. Vivant de combines et de petits boulots, c’est à Marseille qu’il poursuit son vagabondage initiatique. Pleinement conscient qu’un cauchemar pourrait succéder à son rêve d’errances teintées d’absolu, il poursuit son périple, adoptant souvent des comportements autodestructeurs. Avec l’appui d’éphémères compagnons de vadrouilles, l’exploration de son univers intérieur s’effectue étape par étape, de galères en fous rires, au rythme d’expériences parfois douloureuses. Dans ce nouveau tome, Yohann dévoile, comment il a appris à voyager seul dans l’espoir de se trouver.






L’Estaque — 10 octobre 1978.


Résumé. Nous retrouvons Yohann quelques heures seulement après la fin du premier tome. Parvenu enfin aux portes de Marseille, le jeune homme retrouve avec émotion « l’Estaque », un quartier de la ville blanche dans lequel ses parents l’emmenaient lorsqu’il était enfant.


Malgré les protestations de son ami Kiss, il décide de s’accorder une soirée à la belle étoile afin de profiter de la magnifique plage aux arches de pierres roses. Rapidement, il fait la connaissance d’un groupe d’étudiants, élèves de la faculté d’économie et de gestion d’Aix-en-Provence. Ces derniers, s’apprêtant à fêter le début de leur deuxième année de maîtrise, l’invitent à partager saucisses grillées, bières, et surtout guitares et chants.


Une jeune fille lui demande s'il désire chanter à son tour.

 

Un premier extrait



Je vais leur faire découvrir un artiste qu’ils ne connaissent sans doute pas, Michel Corringe ! Seuls les Stéphanois et les gens de ma région savent qui il est. Sa chanson : « La route » devrait leur plaire. De plus les accords de cet hymne à la liberté sont d’une facilité déconcertante. Je saisis la guitare qu’un garçon me tend, je plaque mes doigts, ferme les yeux. C’est parti. Couplet, refrain. J’aime chanter. Depuis tout gosse, je fréquente les chorals et les ensembles vocaux. Lorsqu’un public m’écoute, lorsque je suis concentré sur l’œuvre que je défends, je perds toute timidité. Je suis seul avec les mots et les notes de l’artiste. Disposant d’une tessiture vocale étendue, de la basse chantante au ténor léger, je suis à l’aise dans un grand nombre de répertoires.

Ho bien sûr, j’ai souvent faim et froid

J’ai envie de m’arrêter parfois

Mais ma route m’entraîne toujours

Désir de concrétiser un symbole

De posséder l’unique beauté

Que l’on nomme liberté.

Ils aiment, ils applaudissent. Je leur interprète les paumés, la face B.

Venez à moi les paumés

Les beaux, les désespérés

Venez, je vous guiderai

Là où le malheureux est roi

Puis « Liberté » L’une de mes préférées.

Je pourrais vous la chanter, mais je n’ai plus de voix

Je pourrais la raconter, mais j’ai peur d’être maladroit

Je pourrais la dessiner, mais je n’ai plus de crayon

Et je n’ai plus l’illusion que quelqu’un quelque part me comprenne.

Liberté, je te trouverai, je te garderai…

Liberté… Mais je suis fatigué.

Ils en redemandent, ils veulent savoir. Leur intérêt pour l’œuvre de cet auteur-compositeur-interprète si profond, si compliqué, si talentueux, un chouette mec que j’ai eu la chance de rencontrer plusieurs fois, me touche. Avec lui, au terme de petits concerts gratuits donnés dans de modestes salles des fêtes de Haute-Loire, j’ai échangé, bu des bières, refais le monde.

Soudain très à l’aise, je leur raconte le bonhomme. Ses contradictions, ses idéaux, sa gentillesse, sa vision de l’anarchisme, ses coups de colères et sa force. Son unique passage à la télé, au « Rendez-vous du dimanche » de Drucker. Je leur décris ma présence enthousiasmée au premier rang de la grande salle de la M.C.C de Saint Étienne, lors de l’enregistrement de son seul album en public.

– Il a fait d’autres disques ? Demande l’une des filles.

– Oui, plusieurs. Ne bougez pas, j’ai un cadeau pour vous.

De la besace qui ne me quitte jamais, je sors une cassette audio. C’est l’enregistrement du dernier 33 tours de Corringe. « À suivre ».


Un beau jour, demain peut-être

Un enfant de grande allure,

Les boucles folles sur un ciel clair,

M’annoncera le jour pur.

Je tends cérémonieusement l’objet à la fille.

– Cette K7 est pour toi, enfin je veux dire, pour vous tous. Elle égayera votre année de maîtrise. C’est un concentré d’espoir.

– C’est gentil. On a un magnéto. On va l’écouter tout de suite.

Le son n’est pas excellent, mais la chorale des vagues accompagne les ballades. Un guitariste plutôt doué place doucement des accords. Nous sommes sous le charme de la belle voix grave du chanteur mariant les mots et les idéaux. Transformant en poésie les rêves d’amour et les amitiés perdues.

Les amis que j’aimais, les beaux, les désespérés

Ceux qui me faisaient rêver ailleurs sont envolés

Partis sans laisser d’adresse

Rien qu’une infinie tendresse

Souvenir poste restante

L’espoir, la douleur de l’attente.




Un extrait audio














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