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Avec Astro ghost de Jean GP Ducreux, je confirme que petit passereau de la famille des Passeridae, plane une fois de plus, tout en douceur et en efficacité, sur la capitale des gaules qui tremble, non pas de froid, mais d’effroi, car spectre il y a…
De là-haut, notre « passer domesticus » voit tout, ne rate rien, même pas et surtout pas cet énigmatique et très farceur ghost, en anglais dans le texte s’il vous plaît, qui erre dans la cité des gones…
Notre auteur polyglotte, voire hyperpolyglotte, ne peut s’empêcher de glisser des « English words’ » ou autre dialecte, dans l’ensemble des ouvrages qu’il commet. Lorsqu’il s’agit du langage anglais n’est pas trop dépaysé. Nous avons tous, cancre ou pas, un vieux reliquat des années passées au lycée. Mais quand l’ami Ducreux s’exprime dans une langue que même le plus érudit des bilingues ignore totalement, ami lecteur, offre-toi un traducteur universel genre celui de star trek qui a tout l’équipage de l’Enterprise fournit une traduction simultanée de l’ensemble des langues parlées au-delà des frontières de l’infini.
Sans mettre en doute la qualité des précédents opus, ce bouquin me semble être le plus abouti des trois. L’oiseau fureteur a grandi, il s’est professionnalisé. Il subit moins ce qui lui tombe dessus. Même s’il peut lui arriver de prendre quelques roustes ou retours de bâton imprévu, il flirte, volontairement cette fois-ci, avec l’héroïsme… Mais il n’y a pas qu’avec ça qu’il flirte, le coquin. Mesdames, protégez vos vertus et vous Messieurs, gardez un œil sur vos légitimes, car, qu’à l’instar de ses célèbres pairs séducteurs, j’ai nommé, Nestor Burma, Sam Spade, Philip Marlow, l’amour d’une seule femme ne suffit plus à notre fin limier. Ce sage père de famille nombreuse se transforme, quand l’occasion se présente, en tombeur de ravissantes naïades peu farouches.
Bref, notre Nacho, que la lettre C du mot contrition différencie du mot macho, est moins simple, moins transparent. Ses pensées ou réflexions, parfois naïves, que l’on percevait dans les volumes précédents, se sont fait la malle.
Il ne se laisse plus, ou presque plus, distraire. Tout, ou presque tout, est axé sur l’enquête qu’il mène. Son chez lui est laissé de côté. Comme un pro, il cloisonne à l’américaine. Pour résumer, le moineau de Bellecour n’a plus ce côté amateur qu’il cultivait dans les deux premiers opus. Il s’est durci, comme s’il avait mûri dans l’esprit ô combien encombré de son créateur.
Cette enquête, mâtinée d’un épais soupçon de surnaturel est une excellente surprise. D’ailleurs, le moineau ne semble guère déconcerté par l’existence de ce fantôme. Certes, il n’en parle pas trop, de peur de passer pour un doux illuminé, mais il tente tout de même d’interroger le revenant, en s’abstenant de faire tourner les tables bien sûr, n’est pas médium qui veut.
Aux côtés du sympathique privé gouailleur, nous allons de coups de théâtre en événements tous plus imprévisibles les uns que les autres, mais qui ont pour dénominateur commun de faire avancer l’intrigue (ou de la rendre encore plus opaque).
La visite guidée de Lyon, et le milieu du basket constituent « the cherry on the cake » de cet ouvrage. Je laisse à l’auteur le laisse le soin de traduire, c’est lui le prof émérite, pas moi.
Enfin, parodiant notre regretté surintendant des Finances, la brave Sully qui disait : "Labourage et pâturage sont les deux mamelles dont la France est alimentée", je déclare que malice et belle langue sont les deux mamelles dont cet ouvrage s’alimente.
A lire vite avant que tout s’embrase
Je dis ça, je dis rien, mais j’ai eu le temps de le dire !
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