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Photo du rédacteurJean Benjamin Jouteur

Ce qu'elles préfèrent dans le mariage de Sylvie Etient

Dernière mise à jour : 11 déc. 2021

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Un bon feel good et même, un peu plus.


J’ai lu « ce qu’elles préfèrent dans le mariage » de Dame Sylvie Etient… Si l’on se réfère au titre, à la couverture et même au résumé, on pourrait s’attendre à une aimable comédie romantique à l’américaine, aussi superficielle que gentillette. Genre :


«Il est beau, elle est belle, il se cherche tout le long du bouquin et c’est au dernier chapitre qu’enfin, ils se roulent des pelles.».


Eh bien, non ! Que nenni, ça n’est pas ça du tout !


Nous serions plus proches de ces comédies douces-amères, so british, qui savent si bien raconter, émouvoir, surprendre, amuser, réfléchir, témoigner, ironiser et même parfois balancer sans crier gare quelques fâcheuses vérités. .

Peut-on parler d’un roman fell good? Ma foi, pourquoi pas, si l’auteure revendique cette étiquette.


D’ailleurs, le feel good n’utilise pas systématiquement les mêmes recettes, tout dépend de l’auteure et de ce qu’elle désire nous confier. Et Sylvie Etient a plein de choses à dire, c’est à croire qu’en écoutant son personnage, c’est elle que l’on entend parler.

Dans le fell good, il y a souvent une intrigue amoureuse. Ce bouquin n’échappe pas à la règle. Je puis même révéler que les lecteurs un tant soit peu attentifs ou perspicaces repéreront l’idylle bien avant le fameux roulage de pelle du dernier chapitre abordé plus haut.


Mais ce n’est pas grave, bien au contraire, car la belle anecdote du :


«je t’aime, moi aussi, alors embrassons-nous»


n’est presque qu’une anecdote sympathique s’imbriquant au cœur d’histoires personnelles, de règlements de comptes et de rapports conflictuels ou incertains bien plus compliqués qu’on ne le pense.


Un grand nombre de thèmes sont abordés dans ce roman. Je n’en citerai que quelques-uns. Bilan d’une moitié de parcours, psychologie de personnages, développement personnel, choix et changement de vie, liens familiaux, amitiés, vengeance, solitude, parentalités, etc.


Et en plus, ce qui ne gâche rien, c’est bougrement bien écrit et surtout c’est caffi d’humour. Sylvie Etient ne se prend pas au sérieux. Son livre est drôle, ses personnages sont marrants, tous, sans exception… Et pourtant, ils sont vrais et souvent touchants de sincérité.


J’irais même jusqu’à prétendre que certaines reparties, au cinéma, pourraient devenir dialogues cultes.


Enfin, il y a un autre truc très réussi.


Tout le monde se souvient de la chanson de Sardou : Femmes des années quatre-vingt, qui commence par cette étonnante déclaration :


Dans un voyage en absurdie que je fais lorsque je m’ennuie

J’ai imaginé sans complexe qu’un matin je changeais de sexe

Que je vivais l’étrange drame d’être une femme


Eh bien, ça marche. Dès le premier chapitre, on se love dans la peau d’Yxelle, la narratrice. On l’entend penser, souffrir ou gémir, on l’entend rire et se moquer, on l’entend parler, on la voit sourire, marcher, pleurer, crier, s’amuser, réfléchir. On capte tout, non pas comme des voyeurs, plutôt comme des symbiotes… À tel point que l’on se sent devenir elle. On pense comme elle, on lui donne raison, on la comprend…


Alors, on s'entend penser :


" Bon sang, c’est vrai qu’ils craignent parfois les mecs qui nous larguent ! Bon sang, c’est vrai que le jour du mariage, ce n’est pas la mariée la plus matée, c’est sa foutue robe… Ou bien le buffet, quand il est bien garni !

Et puis, dans le mariage, il y a ce côté, un matin, je suis princesse, le lendemain je suis au fourneau, ma robe est devenue rideau. C'est donc ça, le vilain mari tue le prince charmant quand s’installe la routine… OK ! Alors vive les rencontres sans lendemain… vive la liberté… Et si l’on veut des enfants, on trouve un copain, on peut être père et mère chacun de son côté, en toute amitié".


Pardon, ça se bouscule dans ma tête, tout ça, c’est nouveau pour moi.


Merci Sylvie Etient de donner aux mecs la possibilité de vivre cette enrichissante expérience de pouvoir s’installer dans la peau d’une femme le temps d’un roman.












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