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C'était demain !
«J’ai lu « de Retour en URSS » de Lisa giraud Taylor… Je ne sais plus vraiment quand… C’était demain… Ou bien ce sera hier… À moins que ce ne fût maintenant… Avec ce bouquin, je me heurte à un paradoxe temporel qui rendrait fou le docteur Who en personne. À propos vous connaissez cette célèbre expérience de la mécanique temporelle, le paradoxe du grand-père ? non ? Je vous fais un cours. Supposons que vous voyagez dans le passé et tuez votre propre grand-père. Ce qui n’est pas très cool ! Dès lors, l’un de vos parents ne naîtra pas et vous cesserez d’exister, ce qui rendra du coup impossible le meurtre de votre grand-père.
Une forme dérivée est le « paradoxe de la prédestination ». Vous remontez le temps et tombez amoureux de votre grand-mère, vous pourrez ainsi devenir votre propre grand-père. Oui, je sais, c’est un peu tordu et très pervers de s’imaginer en train de faire des galipettes avec sa mamy ! Une résolution de cette situation paradoxale est de supposer l’existence de plusieurs lignes temporelles. En tuant son grand-père dans le passé, on crée une ligne temporelle alternative où l’on n’existe pas, mais sans changer son propre passé subjectif. Cela pourrait correspondre à l’interprétation des « univers multiples » de la mécanique quantique qui stipule que pour tout événement il y a un nombre infini de résultats, dont chacun se produit dans un univers parallèle distinct. À chaque fois qu’un choix est fait, il se crée un grand nombre (éventuellement infini) de réalités, un pour chaque choix effectivement fait et ses effets. Donc, si on tue son grand-père dans une ligne temporelle, cela va automatiquement créer une ligne distincte dans laquelle on existe toujours. Toutes les actions effectuées ensuite n’auraient aucun effet sur la ligne d’origine.
Une autre solution possible est qu’il n’existe qu’une seule « ligne temporelle » qu’il est impossible de changer. Si l’on voyage en arrière dans le temps, les actions qu’on y effectue ne peuvent être que celles que l’on connaissait avant de partir. En d’autres termes, la réalité est auto-cohérente. Un voyageur temporel ne peut pas changer la façon dont l’histoire se déroule. Vous me suivez ? Oui, je sais, c’est un peu compliqué… À l’instar du bouquin de dame Lisa, il faut s’accrocher aux 600 pages et quelques pour tout capter au risque d’atterrir en aveugle dans un futur dans lequel on fut complétement paumé ou dans un passé dans lequel on sera totalement égaré…
Et le nom des personnages, tous Russes ou faisant semblant de l’être, ne nous aide pas à nous y retrouver. Les Russes ont quelque chose que nous n’avons pas. En plus d’un nombre impressionnant de diminutifs pour chaque prénom selon l’humeur du moment, ils ont un patronyme inscrit sur leur passeport. Il est formé sur le prénom du père en ajoutant le suffixe-ovitch, pour les hommes et Ovna pour les femmes. Ça ne se voit pas, mais je simplifie. Ce patronyme se place après le prénom entier. Exemple, le nom complet de Poutine est Vladimir Vladimirovitch Poutine. Ses filles s’appellent Maria Vladimirovna et Ekaterina Vladimirovna. Son fils s’appelle Ilia Dimitriévitch Medvedev. Et qui n’a pas entendu parler de Vladimir Ilitch Lénine… Alexandre Sergueïevitch Pouchkine, Fiodor Mikhailovitch Dostoïevski, Lev Nikolaïévitch Tolstoï…
Ouais, là je sens que la migraine vous guette. Et moi je me rends compte que j’ai pondu un prologue de chronique encore plus long encore que le roman sur la sellette. Mais qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, tout ce que je viens d’énoncer résume assez bien, en tout cas au regard de mon esprit brumeux, l’ouvrage en question. Il est compliqué à souhait, voire parfois confus comme toute histoire de barbouze qui finit par se demander pour quel camp il bosse, long comme la Volga, argumenté comme un réquisitoire, ambitieux comme une promesse électorale, multiples comme un nombre qui peut s’écrire sous la forme d’un produit, car si l’on peut parler de SF quand on présente ce livre, because les voyages spatio temporels, on peut évoquer également l’Espionnage, la politique-fiction, le roman historique et même la romance dans le pur style du célèbre « on s’adore ou on s’entretue » si cher à monsieur et Madame Smith. Pour ceux qui n’ont pas la référence cinématographique, je les invite à se connecter sur allô ciné.
Pour en savoir plus et si vous avez un peu de temps devant vous, je vous propose de faire un tour en URSS dans les années trente, un conseil, mon ami, comme le chantait Jo Dassin avant de partir, embrasse ta femme, serre-moi la main, et vite sur la vie va te faire assurer, C’est tout de même une période que l’on nomma : La grande terreur… Allez savoir pourquoi… Bon, Moi je dis rien mais vous savez quoi ? Je suis vraiment content de pouvoir encore le dire sans risquer la purge fort bien décrite dans cet ouvrage.
Voilà une chronique qui me fait penser à "Nazdarovia !" l'un des mots russes que j'ai prononcés le plus souvent, je pense, en tous cas avec les Moscovites que je connais. Et les femmes dans tout cela ? Car il me semble que Lisa a tendance à doter ses héroïnes d'un caractère bien trempé ?