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Photo du rédacteurJean Benjamin Jouteur

Déclaré Absent de Sylvie Etient

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J’ai lu « déclare absent » de Sylvie Etient et marchant dans les pas de Liv, personnage imaginé par la plus parisienne des autrices provinciales, je suis rentré dans l’univers mystérieux et haletant de « porté disparu sans laisser de trace »


Où est-il ? Que fait-il ? Est-il vivant ou mort ? Liv n’en dort plus… Et le lecteur non plus !


Est-ce une enquête policière, est-ce un polar, un thriller, un roman à suspense, un OVNI de la littérature, entendez un ouvrage vagabond non identifiable ? Eh bien, je dirais tout ça à la fois, tout en étant rien de tout ça, car ce bouquin lance la question de la pertinence des étiquettes et de la classification de la littérature.


Enquête policière ? Oui, mais sans flic atypique et désabusé à deux doigts de la retraite. Pas non plus de détective privé misanthrope carburant au bourbon. C’est Dame Liv qui mène l’enquête, une enquêtrice charmante, aussi amatrice que naïvement maladroite, mais des plus motivée. On a souvent peur pour elle, tellement elle possède cette fâcheuse manie de fourrer ses jolis doigts dans des prises gravement sous tension. Mais, contrairement à ce qui arrive très souvent dans ce genre de bouquin, le lecteur ne ressent pas le besoin de crier à la belle dès le premier tiers du livre consommé :


« Mais bon sang nigaude, t’as des pelures de saucisson devant les yeux, la solution, elle est là, devant toi, façon paquet-cadeau de l’auteur, et toi, même pas tu la vois ».


L’intrigue est très bien construite, les indices pointent leur museau au fur et à mesure. Tout comme l’investigatrice, le liseur avance sur la piste tout en échafaudant les hypothèses suggérées par la machiavélique Sylvie. Il m’a fallu attendre les 90 % du bouquin pour découvrir le pot aux roses, quelques paragraphes seulement avant l’enquêtrice en tailleur.


Donc c’est bien un polar, un roman policier sans policier excepté un privé très réussi, mais aussi fictionnel pour Liv que cette dernière l’est par nous… Si vous voulez comprendre l’allusion, il vous faudra enquêter à votre tour.


Est-ce un thriller ? Non, pas vraiment… Pourtant l’intrigue nous tient grave en haleine en nous dévoilant progressivement ô combien le ou la coupable pourrait s’avérer dangereux s’il se sent démasqué.


Ce qui fait donc de cet ouvrage un roman à suspense.


Et comme il m’a fallu une nuit pour le lire, je le classerai, pour son côté multigenre dans le rayon OVNI non étiquetable, ce qui tombe bien, Sylvie Etient n’apprécie guère les étiquettes. Et tant pis pour les adeptes de la classification abusive.


Il y a une cerise sur le gâteau, plus qu’une cerise en fait, un nappage. Le personnage principal et la façon dont il nous est dépeint. Liv nous expose ses peurs, ses faiblesses, ses doutes, ses lâchetés, ses erreurs, ses craintes, ses angoisses, ses délires, ses espoirs, ses fantasmes, ses contradictions… La liste pourrait s’allonger jusqu’à l’angle de la rue Vaugirard, tant la personnalité de notre apprentie détective est passée au crible. Elle ne nous cache rien, alors forcément, on se sent proche d’elle, presque intime… C’est vrai qu’elle n’a rien d’une miss Marple.


Enfin et pour conclure, il y a l’écriture, moderne, dynamique, parfois rentre-dedans, pleine de drôlerie et assaisonnée de réjouissantes métaphores. L’écriture d’une romancière à la page, épiant et illustrant son époque de toute sa joyeuse verve.


Pour un premier essai, un coup de maître, ce polar qui n’en est pas vraiment, un est une réussite.












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