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Si une modeste brassée d’heures me fut suffisante pour passer du premier opus d’Enflammée d’Émilie Sablon au second tome, « le choix de l’âme », si pour Rose, notre super héroïne flambant neuve, quelques semaines furent nécessaires avant qu'elle ne parvienne à se glisser dans les braises incandescentes du volume II, il a fallut pas moins de deux années d’efforts à Émilie Sablon pour se délivrer de son second bébé littéraire.
Deux ans de gestation, c’est des coups à vous pondre un bébé sacrément balaise.
Pour l’auteure, j’ignore si les forceps furent de rigueur, mais pour son personnage, celle que récemment encore je baptisais « La petite fille aux allumettes », entendez la jolie et douce Rose, la naissance fut douloureuse et empreinte de souffrances.
Comme elle a changé la Rose en flammes, là, je l’avoue, je voulais écrire flamme en rose, mais le calembour était bien trop aisé et j’apprécie tant le groupe Pink Floyd que je ne puis me permettre ce genre de plaisanterie douteuse. Je reprends ! Oui, elle a changé, la Rose en flammes, elle s’est durcie, se hérissant d’épines rougeoyantes… Le ton, sympathiquement « young Adult », comme le disent les gens branchés qui pensent que l’expression « jeune adulte » ne veut pas dire la même chose, s’est métamorphosé. On n’assiste plus au cours « comment mettre le feu en trois leçons » on ne rit plus, on ne joue plus, on peut aimer, mais sans prendre le temps de batifoler. La vraie partie est lancée et elle est loin d’être gagnée. L’imaginaire sans frontières d’Émilie Sablon a pris les commandes, la course de Rose devient effrénée. Ses ennemis sont aussi nombreux qu’inattendus. Rose n’est plus la super-protégée, cette petite fille qui obéissait gentiment, presque malgré elle. C’est devant qu’elle se tient à présent. C’est elle qui prend les coups, c’est elle qui les donne. C’est elle qui décide. Elle est certes trahie, mais la nouveauté c’est qu’elle apprend aussi à trahir, à sa façon, par ses choix, pour la bonne cause se dit-elle… Mais ceci excuse-t-il cela ?
Rose a appris à dire non, Rose a appris à tuer, Rose a appris à moins regretter, Rose a appris à être sans pitié… Dans le premier volume, elle pouvait faire peur, dans le second, elle devient carrément flippante. Un tel pouvoir détenu par une seule personne, au moindre pas de travers, c’est l’humanité tout entière qui se retrouve menacée. Car, si les doutes de Rose sont toujours présents, ils prennent une incroyable ampleur, devenant pour le coup bien plus démesurés et aux possibles conséquences destructrices. Si elle se trompe, c’est la catastrophe, peut-être même l’apocalypse.
Lors de ces deux années, Emilie-Rose s’est enrichie d’arguments, de questions, d’analyses et surtout de non-réponses, ce qui rend le bouquin encore plus palpitant. Elle pose des jalons, jalonnant notre lecture de voies incertaines, sont-ce des impasses ? Quand Rose ignore quelle décision adopter, quand elle hésite, le lecteur est tenté de décider à sa place, le danger atteint alors son point culminant.
Ouf ! Je suis brûlé troisième degré, j’ai la gorge sèche mais je suis prêt pour un tome III. Et toi ? Emilie-Rose, prête à reprendre du service ? Tu ne seras pas seule, il paraît qu’ils embauchent chez les Avengers. Attention à la "Chose", elle a un sale caractère !
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