Un Stephen King à la Française
Olivia, faites nous peur !
Une imposante demeure isolée dans une vaste forêt aussi peureuse qu’enneigée. Quand tombe la neige, comme le chantait Adamo, les chemins sont impraticables, alors la grande maison demeure seule avec son angoisse et son infâme passé. Car l’on pressent rapidement qu’il s’est déroulé entre ces murs de biens glauques événements.
Vous ressentez déjà des frissons ?
Attendez, ça n’est pas fini.
Des bestioles hurlantes et vaguement démoniaques qui rôdent autour de l’habitation. Croyez-moi sur parole, il est préférable de ne pas les croiser au cœur des bois même muni d’un bâton.
Un lac qui abrite, dans la pure tradition arthurienne, une sombre dame blanche qui semble avoir des comptes à régler avec les mortels.
Des personnages au passé mystérieux, torturés, portant tous un lourd secret très certainement inavouable.
Un beau mec, plus sombre qu’une nuit de février sans lune, au comportement changeant et lunatique comme le plus parfait des bipolaires…
Et enfin, un propriétaire, veuf d’une princesse à tendance elfique bien plus jeune que lui et aussi morte qu’on peut l’être, à peu près aussi aimable et accueillant qu’une porte qui s’ouvre sur la morgue juste après le guichet des entrées.
Ça y est vous tremblez d’effroi ? Attendez, je rajoute la cerise sur le gâteau.
Parachutée au tréfonds de cette ambiance à ne pas dormir de la nuit, débarque une veuve en plein deuil, qui nous fait le coup que nous font toutes les veuves en plein deuil que l’on croise dans les films d’horreur. Elle s’installe dans ce lugubre décor plutôt que prendre la sage décision que toute personne sensée prendrait à sa place : A savoir prendre ses jolies et longues jambes à son cou afin de fuir les tuiles fantomatiques qui inévitablement vont tomber sur sa ravissante tête brune.
Pourtant, elle n’est pas idiote la cocotte… Elle comprend dès les premières pages qu’en ces lieux maudits, il s’est passé quelque chose de pas net. Mais, elle veut savoir ! Elle est curieuse comme une chatte en manque de Kitecat la veuve joyeuse.
Je vous entends penser : « il est en train de nous décrire de façon imagée et vaguement satirique le dernier Stephan King, grand maître des nuits blanches » eh bien non ! C’est une version française qui a traversé l’Atlantique. Cocorico ! L’action ne se déroule pas dans les grandes forêts du Maine, mais dans le Jura !
La maison n’est pas un grand hôtel pétrifié dans la neige, mais un chalet type savoyard.
Et, dans un désordre chronologique, pas de terrifiant clown, pas de loups garous. Exit les vampires de Salem, les fantômes de Shining, les extra-terrestres des Tommyknockers, les monstres tentaculaires de Brume et pour finir, le chien enragé de Cujo...
Oui, moi aussi, je connais mes classiques.
Non ! ce bouquin est écrit par la nouvelle maîtresse de l’angoisse à la gauloise, j’ai nommé Olivia Jones (même si le nom sonne un tantinet Britannique).
Bon, il faut reconnaître que Paola, l’héroïne qui aime avoir peur, se lance dans cette histoire avec quelques atouts dans sa manche.
Elle est canon, instruite, intelligente et son cœur est à prendre.
En tant qu’auteure, elle a du talent, des lecteurs et un éditeur, ce qui n’est pas donné à tout le monde.
Elle est courageuse, simple et souriante…
Elle aime les bêtes.
Et surtout elle est blindée de tunes. (Attention, petit quiz, dans les exemples qui vont suivre, l’un est odieusement inventé par le chroniqueur, si vous le trouvez, vous gagnerez le livre offert par l’auteur… Mais comme vous l’aurez déjà lu, il ne vous sera pas très utile. Je précise, l’auteure, Olivia Jones, n’est pas au courant).
Donc, je reprends : la dame est blindée de tune. Exemples ?
Elle veut une maison, elle s’offre un chalet palais de douze pièces qu’elle meuble entièrement dans la journée (sans passer par la case Ikea).
Elle veut une voiture, dans l’instant elle s’autorise le plus gros des 4x4 qu’elle paye à la fois comptant et contente. Les écolos n’apprécieront pas.
Elle invite quelques copains mondains à manger, comme la cuisine et le service, ce n’est pas trop son truc, elle embauche cuisinière, serveurs et maître d’hôtel.
Tombe la neige, la commune manque de moyen ? Vu qu’elle a fait amie/ami avec le maire, pas de problème, elle lui offre un chasse-neige flambant neuf.
Sa mère aussi détestable que mégère, lui prend la tête, elle paye quelques tueurs de la mafia, histoire de s’en débarrasser.
OK, l’argent, ça ne fait pas tout, mais il faut reconnaître que ça aide à repousser les monstres qui rôdent autour des maisons angoissantes..
Bon pardon Olivia Jones, je plaisante, mais surtout, par une ironie malicieuse, je tente de faire comprendre que ce bouquin peut être placé dans toutes les mains. Il comporte l’intégralité des éléments du genre, avec ce petit plus que vous savez rajouter, la romance et la poésie.
Côté écriture, c’est enlevé, rapide et l’on devine souvent dans le reflet du texte, vos yeux d’auteure qui frisent, vous ne vous prenez pas au sérieux et vous vous amusez. Avec vous second degré et humour ne sont jamais très loin. Et c’est diablement plaisant, comme dirait Faust qui dévorerait ce livre. Merci pour cette lecture !
Moi je dis ça, je ne dis rien !
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