Ecouter la chronique
Ou la lire !
J’ai lu « L’île des égarés » de Jean François Léger… Et franchement, on s’y croirait !
L’ambiance insulaire, façon gros cailloux posé sur la mer, prisonnier des brumes éternelles, harcelé d’embruns été comme hiver, malmené par les vagues, fouettée par les vents. Tout ça est si bien décrit, que malgré mon K-way, ma casquette et mon cache-nez, je me suis enrhumé. Si, si ! Je vous jure ! L’écriture fait preuve d’un tel réalisme descriptif que par peur de manquer une ligne, voire une page, tu t’accroches à ta liseuse craignant qu’elle ne s’envole.
Ami lecteur si tu t’égares sur l’île des égarés de JF Léger, prends garde où tu mets les pieds, car aux termes d’une fatale chute, tu finirais brisé sur les rochers bavant d’écumes, là-bas tout en bas aux pieds des falaises escarpés. Vous savez quoi ?
Je soupçonne Léger d’avoir écrit ce texte, à la façon d’un peintre réaliste, créant sa toile. Genre, Il se noie dans le décor, renifle les senteurs puis traduit en images et en mots ce qu’il voit et ce qu’il ressent. La force de l’écrivain, c’est de nous faire croire que nous sommes témoins de qu’il raconte… Et c’est plutôt tiercé gagnant ! J’imagine Jean François, les cheveux au vent, ça, c’est un privâtes Joke, adossé contre un rocher, sur cette lande malmené par la tempête, pianotant cette histoire de ses deux doigts engourdis par le froid et l’humidité, sur le clavier de son PC portable étanche. Bon, j’en fais un peu trop, d’accord !
Et pourtant, l’auteur, comme un joueur d’échecs, dévoile peu à peu ses pièces… L’intrigue se construit alors que le mystère s’épaissit à l’instar du brouillard baignant l’île des égarés. Il distille des informations à dose homéopathique. On réalise rapidement que sur cette terre de « Taiseux » il s’est passé quelque chose, quelque chose de grave. Oui, mais quoi ? L’ambiance est pesante, un peu comme sur l’île des dix petits… Pardon, je veux dire sur l’île sur laquelle ils étaient dix, vous savez, celle d’Agatha Christie, la reine du huis clos. Tempête, mer démontée désespérément impraticable, le coupable ne peut s’échapper… Il est là, quelque part.
Le commandant, lentement mais sûrement, mène l’enquête, nous le suivons pas à pas, découvrant de nouveaux personnages, dont certains paraissent chelou voire carrément relou. Mais soudain, alors que la tension est à son comble, alors qu’une affaire plus grosse que l’affaire nous tombe dessus, alors que l’on est agrippé à notre liseuse comme un naufragé à sa bouée, Jean François Léger, l’auteur, qui je vous rappelle, grelotte sous la tourmente, pianotant depuis un bon moment, assis sur son rocher sous un déluge de vagues scélérates, JF léger n’en peut plus. Pourtant il s’accroche. Mais il sait qu’avant de pouvoir se réfugier dans l’accueillante taverne, avant de déguster ce thé bouillant dont il rêve, il doit finir l’histoire qu’il a commencée. Alors il accélère, il tape non plus avec deux doigts, mais avec dix, ne développant pas cette histoire si forte qu’il vient d’exhumer pour notre plus grand plaisir.
Zut ! Quoi ! Y avait vraiment matière ! Jean François…
Cher Jean François, avec un bon ciré bien isolé, un bonnet breton digne de ce nom, des bottes fourrées et des sous-vêtements Damart, vous nous agrémentiez de quelques chapitres supplémentaires faisant ainsi de votre bouquin, en vérité je vous le dis, l’un des polars de l’année. Si je reste un peu sur ma faim, c’est que vous m’aviez vraiment ouvert l’appétit.
Moi je dis ça, je dis rien !
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