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Photo du rédacteurJean Benjamin Jouteur

Le chemin du fort de Gabrielle Danoux

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Ou la lire !


Un bouquin atypique à relire.


Le chemin du Fort, de Gabrielle Danoux. Un polar ? Non, pas vraiment… Une enquête policière ? On pourrait dire ça, sauf que si enquête il y a, elle n’est pas menée par un flic mais par le narrateur du livre, un personnage qui n’a rien d’héroïque, qui n’est pas vraiment sympathique et dont on ne comprend pas bien les motivations. Tout le long du texte, je me suis demandé :


« Mais bon sang, de quoi se mêle-t-il celui là, qu’est ce qu’il fait là ? Et pourquoi nous raconte-il tout ça ? »


En fait, C’est le côté inversé du bouquin que je retiens… La plupart du temps, dans les romans « genre polar » nous avons un bon vieux crime accompagné d’un univers précis qui servira de toile de fond à l’intrigue.


Exemple : La comtesse de Machin chose est assassinée… Le jardinier, bien sûr, est fortement suspecté. Se pointe le détective. Enquête dans les jardins à la française du chateau, on en profite pour visiter le domaine, excursion guidée dans le milieu de la vieille aristocratie française qui nous révèle au passage les us et coutumes des familles dites à particules.


Et bien, dans le chemin du fort, à mes yeux en tout cas, c’est le contraire. La toile de fond, ce sont les deux crimes… Qui deviennent presque de simples faits divers sordides. Le corps du sujet, c’est le milieu dans lequel ça se passe. Le bien avant le meurtre, l’avant meurtre, le pendant le meurtre et une approche de l’après meurtre sont littéralement autopsiés par une écriture scalpel d’une qualité et d’une richesse quasi jouissive. Pourquoi les victimes ont elle été assassinées ? Ça, je n’ai pas bien compris… Mais en fait, qu’importe puisque les meurtres ne sont que prétextes à nous faire découvrir une galerie de personnages… Pas des bisounours ! Rien que des vils, des cyniques, des désabusés, des pervertis, des intéressés, des désespérés, Toute une bande de peu recommandables réunis dans une ville auprès de laquelle, même Dallas, son univers impitoyable pourrait être comparée à la citée idyllique imaginée par William Morris où le beau, le plaisant, l’agréable sont les seules réalités.


Quelle ambiance ! Glauque souhait … quelle richesse dans le verbe ! Ce bouquin est une chronique des tares de notre monde passée au vitriol, C’est une chute sans fin de mots aiguisés, dénués de concession.


C’est pas un livre marrant, cependant, on sourit parfois… Car l’auteure sait comment distiller l’humour et même si elle écrit en « il » on devine la femme se cachant derrière ce « je » très masculin et tombeur de dames, qu’elles soient en fleurs ou vieillissantes. Il ne leur fait pas l’amour, il les « ramone » comme ça, sans raison, sans sentiment et sans plaisir apparent.


Il y a des livres comme ça dont on ignore pourquoi ils ont été écrits car on ne parvient pas à rentrer dans le « parce-que » de l’auteur, le plus souvent, ce sont des oeuvres qui marquent et que l’on relit… J’irai faire une second tour dans le fort, histoire d’en comprendre quelques secrets.



Moi, je dis ça, je dis rien, mais je le dis quand même !



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