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Salut les indés.
En parcourant les commentaires déjà formulés autour de ce bouquin, j’ai noté quelques critiques : Manque d’originalité, perte de rythme distension du récit sur certaines scènes, etc. Tout en admettant que certaines de ces détractions soient parfois (rarement) justifiées, elles me semblent réellement négligeables devant la qualité de ce long monologue. Ce dernier, à mes yeux, s’apparente à une introspection sans détour (voire à ce procédé si cher à Tonton Freud), que constitue l’autoanalyse.
Au fil des nombreuses pages qui défilent sans effort pour le lecteur, Charline, personnage torturé par ce si douloureux « mal aux autres » cherche à dégager les tendances sombres et cachées qui l’habitent. Elle prend alors tous les risques. C’est un besoin, comme celui un peu masochiste de se gifler ou de se pincer lorsque l’on croit que l’on rêve (ou que l’on cauchemarde).
C’est dur et elle en bave ! Et nous aussi par solidarité.
Se sentant tiraillée, harcelée, agressée, désirée et pourtant rejetée, elle choisit presque involontairement tout un panel de directions différentes qui jamais ne la protège de quoi que ce soit. Elle est consciente, sans toutefois l’admettre vraiment, que l’unité apparente affichée par son moi conscient, autrement dit cette façon détestable de tenir les autres à distance, n’est qu’une façade repoussante. Une muraille plus ou moins opaque censée la préserver d’une multitude de poussées anarchiques et de pensées contradictoires.
Cette fille est aussi insupportable qu’attachante. Ceux qui l’entourent le savent. Elle attire, et pas simplement par sa beauté… Comme dans le conte, dans la verte et laide grenouille qui coasse, on devine qu’une fée désirable se cache. Ça se sent, ça se sait. Mais il faut parfois savoir fouiller.
C’est le choix du « Chat botté »
IL est un homme… Ou peut-être une femme, je ne veux rien spoiler, mais l’on pourrait presque décider qu’IL est ELLE, son inconscient qui lui parle, où encore un thérapeute doué et omniprésent qui, une fois n’est pas coutume, l’aurait comprise.
Une naissance (une renaissance) se fait presque toujours dans la violence.
Ce livre est un coup de cœur. Entre suspens, action, humour, franc-parler, répliques au découpoir, énigmes, romances avortées et pensées intimes, il se révèle souvent émouvant. Très bien écrit, sans chichis inutiles, il ne s’écoute pas causer, il se contente de nous parler. Alors le lecteur devient personnage… Il devient LUI, il a envie à son tour de saisir son smartphone et de pianoter sur le clavier un SMS qui serait destiné à Charline.
Hé ! Charline ! Moi aussi je suis là pour toi
Ce complexe du homard mérite amplement sa sélection… Il mérite même plus. Seul bémol, le titre. Bien sûr, dans les parages d’un homard sans protection, il y a souvent un foutu carnivore qui guette, prêt à dévorer la pauvre bestiole dépourvue de carapace.
Quand l’enfant se débarrasse de sa coquille pour en acquérir une autre, lorsqu’il devient agressif, vulnérable et replié sur lui-même le prédateur potentiel c’est presque l’univers tout entier. Se sentant menacé, tiraillé de toute part, l’ancien môme se construit les bases d’une nouvelle carapace qui au fil de sa vie, complétera l’adulte qu’il deviendra.
Ce n’est pas exactement ce qui arrive à Charline. Je trouve donc, mais je puis me tromper, que ce titre dessert cet excellent bouquin.
Quoi qu’il en soit, merci pour ce partage… 5 étoiles pour faire la fête !
De toute façon, à mon habitude, moi je dis ça, je dis rien !
À bientôt les indés pour une nouvelle thérapie analytique !
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Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire (Victor Hugo)
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