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« Le gobelin dans l’alcôve » est un truculent pavé à la sauce magique, concocté par Luc Didierjean en personne.
Mis à part le fait que le titre laisse un tantinet dubitatif, on se régale de la page 1 à la page 427. On voyage, on s’amuse, on frémit, on s’inquiète, on visite et on apprend à connaître un grand nombre de choses et d’êtres qui, pour le cartésien moyen amputé de ses rêves, ne sauraient exister.
L’auteur nous propose un univers qui n’appartient qu’a lui, malgré ses illustres prédécesseurs. On pourrait évoquer le maître du genre, Tolkien et sa terre du milieu, Jack Vance, ses dragons, son archipel imaginaire dans lequel se côtoient hommes et peuple féerique. En fait, on pourrait évoquer moult auteurs :
Ursula Le Guin et les aventures du jeune Ged.
Robert Jordan auteur d’une série mêlant quête, magie, monde médiéval et pouvoirs cachés,
Thomas Burnett Swann et ses textes mythologiques… Ce dernier nous amenant tout droit à Homère et à son odyssée…
On pourrait citer l’ensemble de ces grands noms en les rapprochant de l’œuvre de DidierJean… Mais ce serait inutile, car ce livre n’est pas du untel ou du machin chose, c’est du Luc Didierjean qui, avec ce roman, inscrit son nom au tableau d’honneur des grands auteurs de Fantasy…
Son imagination est sans fin. De chapitre en chapitre, d’épreuve en épreuve, le héros nous catapulte dans des situations toutes plus délirantes les unes que les autres. Encore un autre univers auquel on pense, le cycle d’Ananké, imaginé par le regretté Henri Verne, le père de Bob Morane, héros qui au passage n’a rien de commun avec celui de Didierjean.
Ordinairement, dans ce genre de voyage initiatique, nous avons affaire à des personnes jeunes, courageuses, loyales, fidèles, de nobles conditions, des gens de qualité, des combattants qui vivent leur voyage initiatique avec humilité… Eh bien, tout ça, ça n’est pas le cas de Daoine, le héros de ce roman, qui est loin de posséder les qualités d’un futur chevalier Jedi.
Il est voleur, roublard, parfois pleutre. Intéressé, vénal. Il magouille, il ment, il trompe, il convoite la majorité des femmes qu’il croise, il a aussi peu de paroles qu’un homme politique et la quête qu’il mène est plus que discutable.
Et pourtant il est sympa. Enfin, ce qui s’avère également peu commun, Didierjean ne nous fait pas le coup du héros malgré lui ou du filou repenti… Daoine demeure ce qu’il est… c’est-à-dire un homme intelligent, pas vraiment méchant, mais privilégiant son propre intérêt. Un bonneteur cafi de ressources, servi par une baraka pas possible, qui n’hésitera pas, si ça peut arranger ses petites affaires, à laisser son meilleur ami dans la plus inconfortable des panades.
Le genre de relation que l’on a tendance à rayer de son agenda.
Dernier détail et pas des moindres… Sous prétexte de contes, d’aventures folles et épiques, certaines situations, certains comportements, certaines descriptions, m’ont étrangement fait penser à de puissantes critiques en forme de flèches affûtées, ciblant un monde bien moins imaginaire que le pays des dragons, à savoir, celui des requins en tout genre, le nôtre.
Volonté de l’auteur ou pas ? À vous de répondre, après avoir lu bouquin, bien sûr.
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