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  • Photo du rédacteurJean Benjamin Jouteur

Le néant et l'infini de Sylvie Aditi

Dernière mise à jour : 28 sept. 2023


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Salut les indés, j’ai lu « Le néant et l’infini » de Sylvie Aditi. Ce bouquin rentre dans la catégorie : pavé littéraire… Et pas seulement parce qu’il dépasse allégrement les 500 pages.


Les pavés ! Ces blocs de pierre, destinés aux revêtements de nos chaussées, se composent souvent de granite, de grès, de porphyre, mais aussi de calcaires, de marbre, de roche volcanique, etc.


Eh bien, ce bloc de mots, « Le néant et l’infini », destiné à nous distraire, mais aussi à nous instruire et à nous faire réfléchir, se compose lui aussi de tout un panel de thèmes, complémentaires certes, mais bien différents.


Plus qu’une lecture en passant, cette « véritable brique de références » amène le lecteur à se plonger pendant de longues heures dans un dédale de pages qui s’étirent presque à l’infini. On peut dire que ce livre est un engagement à long terme, nul ne sait le temps qu’il faudra y passer pour en venir à bout.

Il propose une expérience intense. Des pages et des pages d’aventure. On les dévore, car on est happés par l’histoire. Suivant pas à pas les personnages sur une longue période, nous vivons leur épopée, partageant leurs émotions, des quelques joies qu’ils éprouvent aux drames déchirants qu’ils traversent.

Parlons du titre : Le néant et l’infini.

Le néant étant le vide illimité, il est donc la même chose que l’infini qui est le plein illimité puisque les deux notions de plein et de vide occupent la même place illimitée.


C’est ambitieux comme raisonnement, ambitieux comme ce livre et comme son titre qui fait bien sûr référence à Pascal et à son fameux discours de l’infini et du néant censé démontrer l’existence de Dieu :


« J’ai en moi l’idée d’un être parfait, or je ne suis pas parfait, donc cette perfection divine ne peut venir de moi, mais seulement d’un être parfait, qui existe donc ».


Pourtant ce bouquin n’évoque, ni vraiment la religion, ni l’existence ou l’inexistence de Dieu. Il dépeint, avec une précision glaçante, comment des hommes, se prétendant être de foi, ont pu, par fanatisme, par cupidité, par intérêt, ou simplement par bêtise, créer et servir cette détestable machine à broyer de l’humain, à torturer et à tuer que l’on nommait : Inquisition.


À l’instar de l’un de ses personnages principaux, le poète et dramaturge, Antonio José da Silva, qui vécut réellement dans la première moitié du 18° siècle, ce bouquin évoque ce bloc de pierre qui, une fois jeté dans la mare, rend ses eaux agitées, troubles, boueuses.


Il accuse. Devenant alors l’un de ces pavés qu’on lance d’une barricade afin de dénoncer l’injustice et l’inhumanité d’un régime politique.

Il est un adage qui dit que l’on fait du mal à ceux que l’on aime. On oublie de préciser qu’on aime souvent ceux qui nous font du mal. L’histoire de cette passion amoureuse que nous conte Dame Sylvie en est la preuve. Antonio, cet artiste séduisant, talentueux, en avance sur son temps, cet homme droit et juste va être fauché, détruit, laminé en raison de l’amour passionné que Frei Sebastião, prêtre dominicain, inquisiteur du Saint-Office et peintre, lui porte. Et cet amour est partagé.

Et voilà que surgit un autre thème. Un thème dérangeant qui pose question : La rédemption. Quel prix un homme doit-il payer pour parvenir à se racheter des horreurs qu’il a pu commettre ? Un monstre a-t-il droit au pardon ?


Kundera avance que vivre dans un monde où nul n’est pardonné, ou la rédemption est refusée, c’est comme vivre un enfer… Eh bien, dans la presque totalité de ce livre, cette terrible interrogation demeure ancrée chez le lecteur… Frei Sebastião, ce prêtre, croyant, intelligent, talentueux, instruit, amoureux, passionné… Dois-je le détester pour ce qu’il fut ou ai-je le droit de lui pardonner pour finalement parvenir à l’aimer ? Ou mérite-t-il son enfer éternel ?


Est-ce un fanatique ? Un homme qui se trompe, un faible, une victime qui s’est fourvoyée, qu’il s’est laissé entraîner ?


Ou bien est-ce tout simplement un lâche ? Un type prêt à tout et même au pire pour parvenir à posséder ce qu’il convoite ?


Pour résumer, ce roman est aussi un recueil historique, riche d’arguments, de références, de commentaires, de citations. Il est l’œuvre d’une historienne maîtrisant parfaitement son sujet.


J’ai appris beaucoup en lisant ce texte au style soigné et très agréable à lire.


Ce bouquin est passionnant et parfois un tantinet dérangeant… Je vous le conseille. Moi, je dis ça, je dis rien !


À bientôt les indés pour de nouvelles aventures épiques et passionnées.


La voix off pose 7 questions à l'auteure









Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire (Victor Hugo)



 







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