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Photo du rédacteurJean Benjamin Jouteur

Le plus beau jour de nos vies de Francis Dolmani

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Un bouquin vaudeville en quête de comédiens».


La pièce « le plus beau jour de nos vies » que j’ai eu le plaisir de lire pour vous ce soir est de Francis Dolmani. Les décors, les costumes, la mise en scène et aussi la distribution sont encore à créer puisqu’il s’agit d’un bouquin.


J’explique.


Je suis comédien, à la vie comme à la scène, depuis quelques décennies. Et en lisant ce livre, j’ai eu l’impression de me retrouver au bureau… C’est-à-dire en train de découvrir le texte d’une pièce de théâtre qui m’aurait été confiée par un auteur en quête d’un metteur en scène, d’un adaptateur ou bien d’un producteur.

De Feydau à Labiche, en passant par Courteline et quelques autres, j’ai eu l’occasion et surtout la joie, de jouer quelques vaudevilles ou pièces dites de boulevard particulièrement agités.


Dans ces œuvres pétillantes de situations cocasses, tout était millimétré. Négociées à cent à l’heure, elles étaient souvent épuisantes pour leurs interprètes. Sans exagérer, il pouvait m’arriver de perdre un kilo par représentation.


Dans ce « plus beau jour de nos vies » tout y est, ou presque, pour mener jusqu’à ce fameux salut final si émotionnellement fort pour l’artiste.

On y retrouve la cadence infernale que je viens de mentionner.

L’absence totale de morale, étant donné qu’il n’y a ni gentil, ni méchant, ni profond message sociopolitique.

Le bel appartement parisien aussi vaste que cossu, la règle voulant que les antagonistes évoluant dans ce genre de comédie n’aient pas le temps de manquer d’argent.

Une description outrée, voire même caricaturée du milieu décrit, qu’il soit aristocratique ou bourgeois. Rappelez-vous de Molière, qui fut expert en la matière et de son bourgeois gentilhomme.

Des dialogues survoltés, improbables et délirants.

Un personnage politique austère vivant à l’opposé total des valeurs qu’il représente.

Et dans le désordre, de nombreuses entrées aussi imprévues que gênantes, suivies bien sûr des hilarantes répliques décalées qu’elles occasionnent, les portes qui claquent, l’infidèle surpris en posture triomphante, mais le pantalon aux chevilles, le ou la cocue de service qui finit par se rebeller ou par péter une durite, les coups de théâtre, les alliances, les complicités… J’en passe !

Tout le monde couche joyeusement avec tout le monde. Tout le monde se comporte n’importe comment. Tout le monde dit n’importe quoi, ça ne dérange personne… Et surtout pas le public ravi, c’est normal, il est venu dans l’unique but de rire un bon coup.


Mais ce qu’il y a d’intéressant dans le texte de Dolmani, ce sont les deux sources différentes d’inspirations théâtrales.

Nous avons la partie « au théâtre ce soir »… C’est-à-dire la comédie de papa, ou de grand-papa selon les âges. Elle roule toute seule, elle a fait ses preuves. Rien ne peut vraiment déranger ou choquer. Il y a coucherie, bien sûr, mais le mari ne trompe pas vraiment sa femme, non ! Disons qu’à l’occasion il se trompe de femme. C’est bien moins grave. D’ailleurs il l’aime toujours cette légitime qui finira sans doute par pardonner.


Et puis nous avons l’autre aspect. Je dirai un parti pris théâtral plus provocateur et novateur qui aurait pu être exploré au fil des années par une troupe comme celle du Splendide, si ses membres, après quelques œuvres devenues cultes n’avaient pas opté pour la facile comédie franchouillarde, dégoulinante de bons sentiments, qui rapportent et s’oublie très vite.


Nous avons donc ces deux approches dans le texte de Dolmani. Deux approches qui s’imbriquent. On se demande même si l’auteur ne s’autocensure pas parfois.

Pour adapter ce texte à la scène, il y aurait un peu de boulot, certes, mais pas trop. Un bon metteur en scène arrangeur pourrait en faire un spectacle détonnant












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