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Swing mortel à la Bretesche, d'Arlette Gelabert

  • Photo du rédacteur: Jean Benjamin Jouteur
    Jean Benjamin Jouteur
  • 6 août
  • 2 min de lecture
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Derrière ce titre aussi décalé qu’un swing de golfeur gaucher sous Xanax, se cache un polar à la fois attachant, localement bien ancré et étonnamment enlevé pour un polar "défi" (Dixit l'autrice).

 

Arlette Gelabert, comédienne de son état, mais manifestement pas débutante en matière de construction narrative, nous entraîne dans une enquête aussi légère qu’un verre de muscadet un jour de marché à Missillac.

 

Car c’est là que tout se joue : Missillac, charmante commune de Loire-Atlantique, devient ici bien plus qu’un décor. L’église, le canal, les radeaux (si, si), les étals de légumes du marché, et surtout le château de la Bretesche, personnage à part entière du roman, presque plus vivant que certains suspects. On y sent la mousse des vieux murs, les échos feutrés des secrets de famille, et le grincement des portes qu’on referme un peu trop vite.

 

L’intrigue file à bonne allure, avec une écriture fluide qui ne s’embarrasse pas de longueurs inutiles. L’histoire se lisant sans peine, on avale ce roman comme un kouign-amann un jour de pluie, avec les doigts, et sans aucun remords. Certes, les lecteurs les plus aguerris ou les amateurs de Cluedo pourraient deviner assez vite qui a zigouillé qui (et pourquoi), mais on s’en fiche presque : le charme opère.

 

Pourquoi ça marche ? D’abord, grâce aux personnages. Ils ont tous leur petite particularité  : un accent, une obsession, une manie, ou une manière de regarder les autres qui en dit long. Ils ont du relief et restent en mémoire. En d’autres termes, ce ne sont pas de simples figurants fades ou de silhouettes sans consistance. On sent la patte de la comédienne, habituée à incarner plutôt qu’à simplement décrire.

 

L’autrice distille ses rebondissements avec un sens du rythme théâtral, ce qui n’étonnera personne connaissant son parcours. On sent qu’elle sait ménager ses effets, faire monter la tension, créer des entrées en scène efficaces. On ne dévoilera évidemment rien ici, pour ne pas gâcher les plaisirs de l’enquête, mais un retournement de situation particulièrement savoureux mériterait, à mon sens, son propre spin-off. J’ai regretté qu’il soit un peu vite emballé côté psychologie… mais bon, rien de rédhibitoire : cela donne même envie de voir ce que l’autrice nous réserve pour sa prochaine enquête... si prochaine enquête il y a.  

 

Au final, ce premier polar tient la route, avec élégance, humour et un vrai plaisir de raconter. Il y a quelque chose d’un peu désuet et délicieusement provincial dans ce « Swing mortel à la Bretesche ». On sourit souvent, on s’attache, et surtout : on ne s’ennuie pas. Pari réussi, Dame Arlette : pour une première enquête, on peut dire que vous avez bien joué votre coup. Au swing suivant  !

 

 

 
 
 

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