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« Heureux qui comme Felix, Simon, Melissa, Romane, a fait un beau voyage ».
J’ai lu Trapellune de Luc Didier Jean, un auteur qui, à l’instar de Monsieur Paul Émile Victor, n’est qu’un, malgré ses trois prénoms. D’ailleurs, si Paul Émile était un célèbre explorateur polaire, grand spécialiste de la calotte glaciaire, Luc Didier est un écrivain découvreur de mondes secondaires, grand spécialiste de la prospection d’univers parallèles. On pourrait dire aussi un voyageur des ailleurs, ou encore un plumeux adepte du wordbuilding qui, comme chacun sait, ou pas, est un art qui consiste à créer des mondes imaginaires.
J’assume totalement mon coup de cœur pour ce pavé littéraire qui, jetant adroitement ses 589 pages dans un fabuleux étang aux eaux magiques, embarque ses lecteurs suiveurs dans d’oniriques remous épiques non dénués d’humour et de références à ce fascinant genre littéraire qu’est la Fantasy.
À ce sujet, je ne puis résister de vous citer J.R.R Tolkien, un des maîtres du genre qui inscrivant son œuvre dans ce qu’il appelait la Faïrie disait :
« La Faërie recèle bien d’autres choses, en dehors des fées et des elfes, mais aussi des nains, sorcières, trolls, géants et dragons : elle recèle les mers, le soleil, la lune, le ciel ainsi que la terre et toutes les choses qui s’y trouvent : arbres et oiseaux, eau et pierres, pain et vin, et nous-mêmes, mortels, lorsque nous sommes gagnés par l’enchantement. »
Cette citation correspond tout à fait au bouquin de notre auteur aux trois prénoms. Mais ce serait se fourvoyer que de prétendre que son bouquin se contente d’être une simple nouvelle excursion au cœur de cette bonne chère terre du milieu de l’univers Tolkien. En le lisant, que dis je, en le dévorant, j’ai également pensé à Dark Crystal de Jim Henson ou encore Willow de Ron Howard. Le Seigneur des anneaux est bien présent, mais Harry Potter, Le Monde de Narnia, Eragon, à la croisée des mondes… Toutes ces terres-là ne sont pas très loin non plus.
Mais ce n’est pas tout ! On se balade également, lunette 3d sur le nez, dans les mondes virtuels de la fantasy version jeu vidéo ou autre jeu de rôle. Donjons et Dragons, Warhammer, l’univers d’Aarklash, Le Sorcier de la Montagne de feu, The Legend of Zelda, Final Fantasy.
je vais tout de même pas tous vous les citer.
Mais, mais, mais, car il y a autant de "mais" que de références dans cette histoire, si ce bouquin s’inspire d’œuvres existantes, en jonglant notamment avec les codes du genre, il ne les plagie pas. Trapellune n’a rien de ces pâles copies rédigées par des auteurs persuadés d’être les successeurs de leurs modèles alors qu’ils ne font que pasticher des monuments déjà construits . Bien au contraire. Luc Didier Jean est un nouvel et véritable auteur de Fantasy, bien français, cocorico, créant son univers à lui avec ses propres règles et ses propres conventions. Il s’inspire, « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », mais ne pompe pas !
Autre graine magique sur le gâteau enchanté, j’ai grandement apprécié la façon dont l’auteur sait mettre en scène les adolescents. Ils sont malins, courageux, pleins de ressources, physiquement plutôt faibles, mais, sans doute conditionnés par les jeux en ligne qu’ils maîtrisent, ils ne sont pas vraiment surpris par l’avalanche d’événements aussi ébouriffants que merveilleux qui leur tombe dessus. Ce sont des héros du vingt et unième siècle qui, à n’en pas douter, raviraient ce magicien des images qu’est Steven Spielberg, lui qui sait si bien filmer de fabuleuses aventures féeriques vécues par des groupes d’enfants, s’amuserait comme un fou à adapter ce livre au cinéma.
"Heureux qui comme Felix, Simon, Melissa, Romane, a fait un beau voyage". Lisez ce bouquin, c’est un bain de fraicheurs… Une cure de jouvence qui vous donnera l'envie d'explorer votre jardin à la recherche d'une porte qui, planquée derrière la vieille serre délabrée, donnerait accès à un autre monde.
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